mardi 30 mars 2010

Guerre d'usure

Passage du facteur.
Toujours rien dans la boîte.
Je prends mon courage à deux mains, et lui téléphone à l'Inspection Académique.
Surprise : elle répond presque de suite.
Du coup, je bafouille un peu, ne sais pas trop comment présenter ma demande. Dire que je me meurs d'attendre.
Elle ne dit rien. Juste "oui... oui...oui..." Un rien narquoise.
Et puis.
Je l'entends presque se lécher les babines avant de mordre.
Un coup de mâchoires sec, sans recours.
Je ne m'en suis pas occupée. Je ne vous oublie pas.
Salope.

lundi 29 mars 2010

Ça y est

Le casting est officiellement ouvert, la saison 4 est désormais d'actualité : TF1 recrute pour Secret Story !
150.000 euros à la clé...
Voyons : quels sont mes secrets ?
- je parle régulièrement à des gens que je ne connais pas, et je suis sûre qu'il y a des morts célèbres qui lisent mon blog...
- je suis poursuivie depuis ma naissance, que dis-je, depuis la grossesse de ma mère, par les foudres de SuperMurphy (rappel : la loi de Murphy indique que s'il y a la moindre chance que quelque chose vienne empêcher le déroulement normal et attendu, alors ce quelque chose arrivera...) Quelques exemples ? Lisez mon blog. Même si vous êtes mort...
- je peux écrire avec mes orteils, et j'ai même appris une chanson qui célèbre cet exploit (allez mes frère et soeurs, tous en choeur !) : "Avec mon pied, je peux signer mon nom, hhsssss ayayaïe, oyoyoïe, lo la lolé, loo laa lolé !!!"
- j'ai chez moi environ 147 pots de cornichons avec leurs couvercles, dont j'ai mangé le contenu et bu le vinaigre en l'espace de 30 mois... avec ou sans chips
- je suis capable de chanter du Céline Dion avec 6 Chamallows et demi dans la bouche (le Bhon Ghros BhonBhon Thend'e, parce que si c'est pas de la marque, j'y arrive pas)
- j'ai perdu mon maillot de bain en passant l'épreuve de natation au bac (que j'ai terminée entièrement nue) et je me suis noyée en ramenant le mannequin du concours d'instit (mais lui était vivant, enfin, sauvé). Depuis, j'ai tendance à éviter les piscines
- j'arrive à parler couramment espagnol en rajoutant A et O à la fin de chaque mot, et en plaçant çà et là dans la conversation des morceaux entiers de chansons de Julio Iglesias (si, ça marche ! faut penser à l'accent c'est tout..)
- j'ai fait pipi au lit quand j'étais enceinte, exprès, parce que j'avais la flemme de me lever pour la cinquième fois de la nuit
- je connais la Voix, je l'ai méchamment allumé au téléphone avec ma petite soeur, un soir de l'été 1984, et si on ne s'était pas dégonflé il aurait débarqué, avec son pote Serge, dans le petit studio de ma mère à F... oups, encore une fois j'ai failli filer l'adresse
- je connais la seule blague au monde que personne ne comprend, je l'ai déjà racontée à 36 personnes, qui se sont chargées de la raconter à leur tour, et ELLE N'A JAMAIS FONCTIONNÉ ! JAMAIS !! (d'ailleurs, si vous voulez participer à la recherche et faire le test... c'est ici)

Chouette liste : ils auront le choix.
Bon, je vous laisse, j'ai un questionnaire à remplir.

vendredi 26 mars 2010

Des bleus et des secondes

Norman Rockwell

Une nouvelle tournée du facteur, une nouvelle déception... rien, rien de rien... Rien.
J'ai appelé en début de semaine l'Inspection Départementale. Elle n'avait pas de nouvelles non plus. Ça fait 26 jours. Encore un week-end à passer, encore une autre semaine qui s'annonce.

Je m'agite. Ménage par le vide, pour faire le vide, ne plus réfléchir. J'attends, sans le vouloir. Encore. Trajets en voiture qui s'enchaînent, pour meubler mes journées. Vides. Je guette les chiffres du réveil, 10h50, je peux y aller. Et toutes les 5 minutes, j'ouvre la porte, j'ouvre la boîte, et je fixe le vide qu'elle révèle. Chaque jour.

La sonnette n'est toujours pas réparée. Hier, la factrice a tapé à la fenêtre. J'ai couru pour lui ouvrir. Non, je n'ai pas couru, j'ai volé. J'ai cru voler. Je suis tombée.
Ce n'était même pas pour moi.

Demain.

dimanche 21 mars 2010

Aujourd'hui

Premier week-end de printemps.
Il pleut depuis mercredi.
Se mettre à l'abri.


Terry Border fait des trucs extraordinaires avec ce qui lui tombe sous la main. J'aime surtout ses Bent Objects, un peu de poésie dans la vie de tous les jours.

vendredi 19 mars 2010

Cauchemar

Il est 15h.
Après avoir déposé une amie chez elle, je pars chercher ma fille à son stage : elle termine à 15h30, a priori je suis dans les temps.
Je décide de passer par la Poste, pour vérifier au distributeur si la CAF a viré (enfin) ses allocations de mars.
Commence une demi-heure de cauchemar pur.

Je passe par un carrefour un peu dangereux, priorité à droite peu visible, tout le monde a l'habitude de s'arrêter carrément, pour couper la voie en toute sécurité. Sur ma gauche, vient se ranger une voiture verte, une vieille dame, qui se dirige à gauche vers la caserne des pompiers. Embouteillage, une file de voitures ininterrompue nous immobilise toutes les deux un bon moment. Enfin je lève le pied de l'embrayage, la voiture s'élance quand j'entends un énorme choc. A mon côté, je vois la vieille dame précipitée sur son volant, qui rebondit vers son siège avant de revenir sur le volant. Mais ma Clio roule déjà, j'ai juste le temps d'apercevoir l'autre voiture, celle qui lui a foncé dedans à toute vitesse, qui la pousse encore quand la scène disparaît de mon champ de vision.
Tremblante, un peu abasourdie, je ne réfléchis pas, j'avance, ce n'est qu'au feu suivant, 500 mètres plus loin, que je me reproche de ne pas m'être arrêtée, pour, je ne sais pas, porter secours, témoignage... Mais voilà déjà le parking de la Poste. Je m'engage, vite arrêtée, dans le couloir étroit, par deux voitures qui semblent se menacer l'une l'autre.
Il est 15h08 à l'horloge de la pharmacie. Une passagère descend en gesticulant, fait mine de s'éloigner, puis revient vers le 4X4 qui gêne le passage. Dispute, je n'entends rien... Mais le 4x4 avance bruyamment, la petite voiture se faufile sous l'arche à droite, le 4x4 recule en rugissant. Je passe à mon tour. Je suis toujours dans les temps, ça va.
Pas de place sur le parking, comme d'habitude. Je fais le tour du quartier, me gare à l'arrière de la Poste. Toute à mes pensées (est-ce qu'elle va bien ? est-ce que j'aurais pu faire quelque chose en m'arrêtant ? ça aurait pu être moi...) je rate le raccourci de la petite impasse. Tant pis, je fais le grand tour. Une dame se hâte juste devant, pour arriver au distributeur avant moi. Je soupire. Quand elle tourne les talons, au bout d'une minute à peine, je m'approche, pour lire "appareil momentanément indisponible". La dame file vers les guichets de la Poste. Peut-être y a-t-il un distributeur à l'intérieur ? Je la suis, l'entends demander à l'accueil. "Ici nous faisons travailler de vraies personnes, lui répond Madame-Insupportable. Prenez un ticket, allez au guichet !"
"Bonjour, quel est le distributeur le plus proche s'il vous plaît, celui dehors est indisponible...
- Vous m'avez entendue (qu'est-ce que tu en sais, espèce de peste ? et si j'étais sourde ??) vous faites la queue comme tout le monde ! "
Je tourne les talons sans un mot. Cette fois le temps commence à presser, je retourne à la voiture en passant par le raccourci... ah non, encore une fois j'ai raté l'impasse, je fais le grand tour par l'autre côté. Et je ne retrouve plus la voiture.
Demi-tour : l'employé municipal qui passe le jet sur le trottoir m'arrose une deuxième fois le bas des jambes. Je n'en vois rien, la panique monte en moi : j'ai perdu la voiture !
Je cours sur le trottoir, me tords la cheville, scrute toutes les voitures garées le long de ce fichu trottoir, et enfin, enfin, la voilà : je suis passée deux fois devant sans la voir.
Cette fois-ci, je risque d'être en retard, je maltraite mes pédales, pétris le volant, enrage derrière la voiture-laveuse qui se traîne dans la rue, bloquant une file de voitures de plus en plus impressionnante. Concert de klaxons derrière moi. Je lutte contre les larmes.
Il est 15h30 quand je repasse devant la pharmacie. Le distributeur de la Poste affiche un insolent "En service" vert fluo, juste au-dessus de la tête de l'homme qui s'en sert. Je serre les dents, cherche l'itinéraire le plus rapide. Tous les feux sont rouges. Tous.
Sauf celui près de l'école d'infirmières : son vert scintille au loin, j'accélère. Il passe à l'orange en même temps que j'aperçois la voiture de police qui attend, au feu en face. Je freine désespérément, ferme les yeux, mes pneus hurlent. Et mes larmes commencent à rouler. Je dois m'arrêter, je n'arriverai jamais à conduire jusqu'au bout, je dois m'arrêter... mais c'est impossible sur ce trajet.
Quand la voiture s'immobilise devant ma fille transie, furieuse, qui attend dans le froid depuis près d'un quart d'heure, tout sort en vrac et en désordre, je pleure, je gémis, je tremble. Un peu effrayée, elle se tait.
Mais qu'aurait-elle pu dire ?

vendredi 12 mars 2010

Les histoires d'A

Ma fille reçoit un courrier de la CAF, les éléments de son dossier ont été réétudiés, elle n'a plus droit à aucune prestation. Courrier en date du 23 février, posté le 8 mars, reçu aujourd'hui.
Je l'accompagne au guichet, la regarde parler. Elle est furieuse, elle est froide, elle est belle. Ses yeux foudroient l'agent, qui se ratatine derrière son comptoir et promet de faire partir le paiement dès lundi. Je suis ma fille qui s'éloigne, la tête haute, encore une fois à cause de leurs conneries... ! Elle traverse à grands pas la salle pleine à craquer de misère humaine, et je suis fière d'elle.

Mon fils a rompu avec X, hésite à sortir avec Y, me confie qu'il a même eu des avances de Z... un beau blond... Il s'ennuie ferme dans son boulot, alors il a inondé sa région de CV et de candidatures spontanées. Il sera en vacances fin avril, et compte bien venir nous voir, on lui manque. J'aime sa voix assurée quand il me téléphone. J'aime sa maturité toute neuve, ses décisions d'homme, ses problèmes d'adulte. J'aime aussi cette toute petite fêlure, dans le lointain, ce tremblement imperceptible.

Ma fille arrive, les larmes aux yeux, la gorge nouée, Maman, je suis tombée... Mon coeur bondit, il est 21h, son poignet rouge vif a doublé de volume, voiture, urgences, radio. C'est une fissure du radius. Dans la salle d'attente, elle plaisante, refuse d'entendre parler d'un éventuel plâtre, tape discrètement sur son portable qu'elle n'a pas voulu éteindre. J'ai envie de la serrer dans mes bras, je n'ose pas, je caresse furtivement son dos à travers le blouson épais.

Mon petit-fils est allongé près de moi, pour la sieste. Il joue avec mes cheveux blancs, pensivement, doucement. Il prend ma grosse tête frisée dans ses toutes petites mains, l'approche de son visage, incline son front sur le mien, soupire. Son sommeil est peuplé de sourires. J'ai tant à lui apprendre, tant à lui donner.

C'est pour ça, pour ces moments-là, que je reste là. C'est pour lui, que je résiste aux flots furieux. C'est pour eux, que je ne me laisse pas couler.
Pour l'instant. Je suis là...

jeudi 11 mars 2010

Nausée

Rendez-vous à 14h30 chez le psychiatre-expert auprès du comité médical départemental. Pour la prolongation de mon congé longue durée.

"Comment vous sentez-vous ?"
"Comment vous décririez votre état psychologique ?"
"Et la vie quotidienne ? devant mon incompréhension, il précise : Les repas, le ménage, la lessive... ?"
"Vous voyez vos amis ? Vous téléphonez ? Vous sortez ?"
"Est-ce que vous avez de l'appétit ?"
"Comment dormez-vous ?"
"Vous envisagez de reprendre une classe, tout de même ? A mi-temps peut-être ?"
"Vous voyez quelque chose d'autre à ajouter ?"

Après avoir commencé par mentir, en souriant un peu (fichue carapace sociale), j'ai reconnu que la réalité était moins Youp-La-Boum-On-Rigole-Chez-Les-Bisounours. Et puis finalement j'ai recommencé à mentir, de peur qu'il décide de m'interner d'office. Parce que ça fait un moment que même les Bisounours pleurent, chez moi.

"Au revoir Madame, nous nous revoyons très prochainement n'est-ce pas ?"
Ah oui, c'est ce que vous m'avez déjà dit la dernière fois que nous nous sommes vus, Docteur. Le 10 septembre.

mercredi 10 mars 2010

Sortir de là

A nouveau cette immense fatigue, dès le matin, rien qu'à l'idée de rejeter les draps et de poser le pied par terre.
A nouveau ce poids sur les épaules, quand je pense à tout ce que je dois faire, les coups de téléphone, les courriers, les files d'attente aux guichets.
A nouveau cette sensation d'étouffer, de manquer d'air, tout à coup, je le cherche et m'affole.
A nouveau ces heures qui défilent si lentement, si vite en même temps.
A nouveau cette crue, à mes yeux, qu'aucune digue ne vient arrêter.
Ça ne s'arrête donc jamais ?

lundi 8 mars 2010

Blanc

Réveil sous la neige ce matin.
Rien de bien méchant, à peine 4 cm, qui s'accrochent lourdement aux toits de voiture et aux pas.
Le ciel est blanc, lumière étrange qui enferme ma rue sous son rideau épais.

samedi 6 mars 2010

Spéciale dédicace à Grignotte

"Je voulais simplement te dire
Que ton visage et ton sourire
Resteront près de moi sur mon chemin

Te dire que c'était pour de vrai
Tout c'qu'on s'est dit, tout c'qu'on a fait
Qu'c'était pas pour de faux,
Que c'était bien

Faut surtout jamais regretter
Même si ça fait mal, c'est gagné
Tous ces moments, tous ces mêmes matins

J'vais pas te dire qu'faut pas pleurer
Y a vraiment pas d'quoi s'en priver
Et tout c'qu'on n'a pas loupé
Le valait bien

Peut-être on se retrouvera
Peut-être que, peut-être pas
Mais sache qu'ici bas, je suis là

Ça restera comme une lumière
Qui m'tiendra chaud dans mes hivers
Un petit feu de toi
Qui s'éteint pas"

jeudi 4 mars 2010

Pardonne, mais n'oublie jamais

Oh non, je n'oublierai jamais ces larmes de rage impuissante, ces cris de fureur, ces coups vengeurs qui ne rencontrent que le vide.
Je n'oublierai pas non plus ces milliers de mots alignés comme autant de vaillants soldats inutiles, sacrifiés au combat. Ni ces heures d'attente, suspendues au fil ténu d'une réponse implacable, ou pire : inadéquate.
Je n'oublierai pas mon pouls qui s'accélère, ma tension qui s'affole, les traits de mon visage qui se crispent sous l'effort, rester calme, rester calme, surtout rester... calme...
Non, je n'oublierai pas.
Mais je ne pardonnerai pas non plus.

lundi 1 mars 2010

Paranoïa

Suite mais pas fin de nos démêlés administrativo-juridico-tribunalesques.

- Tribunal correctionnel, lundi dernier : "Ah mais si Madame, on vous l'a envoyé votre copie, c'était, euh, voyons, jeudi matin, si si je vous assure !" OK. Ça fait donc, euh, deux semaines aujourd'hui que cette enveloppe se balade entre le Tribunal et mon domicile, soit exactement : 970 mètres.

- Cabinet de l'avocat de ma fille, jeudi dernier : "Il faut me payer, tout de suite, je ne peux pas vous défendre la semaine prochaine si vous ne me donnez pas immédiatement 300 euros !" Elle se met à pleurer.. "Mais enfin pourquoi vous vous mettez dans un état pareil ? Après tout, plaie d'argent n'est pas mortelle !"
Dans la foulée, vendredi matin, direction le Tribunal de Montpellier : "Tenez, mettez-vous là, écrivez au Juge que vous ne pouvez pas être aux deux audiences en même temps et que vous ne pouvez pas payer un avocat pour vous représenter. Mais oui, ça suffira : après tout, c'est un simple constat d'incompétence territoriale, pas besoin d'avocat pour ça !"
Et donc, vendredi après-midi, je me suis fait une joie de retourner voir cette harpie (personne ne fait pleurer mes enfants comme ça, qu'on se le dise !). Elle me confirme qu'elle a bien l'intention d'empocher 300 euros pour demander un report, puis à nouveau 800 euros pour faire constater l'incompétence... à Montpellier. Car ici, elle touchera également 800 euros pour ... faire constater la compétence ... et demander un report ! La pauvre n'a pas compris que c'était fini, de nous pressionner à n'en plus finir. J'ai récupéré le dossier de ma fille, et j'ai tourné les talons. Impériale.
Sauf que ma fille n'a plus d'avocat pour jeudi prochain. En même temps, on s'en fout un peu, parce que celui de son ex ne se déplacera pas.

- Bureau de l'Inspectrice ce matin, 8h30. J'ai défendu mon bifteck, j'ai vendu mes arguments, avancé des documents, repris des courriers. Alea jacta est : ma demande est partie, 3 feuillets écrits bien serrés. Verdict "dans la semaine Ellen, je vais tout faire pour, comptez sur moi !" A la clé : 11.000 euros en deux fois, ou 56.000 en une fois.

- A venir : rendez-vous le 12 mars avec le psy agréé par la Ddass. J'ai de plus en plus l'impression que le monde n'est que magouilles et compagnie. Le plus dur est de faire partie de ceux qui complotent.