mercredi 20 mai 2020

Ma Table du Conseil


Imaginons : ce soir, autour de la table, je reçois des gens très importants.
Pas de Président ni d'Empereur, pas de Roi, aucun milliardaire, ni Dieu ni Maître Suprême.
Juste des gens bien ordinaires sans doute, mais qui m'ont inspirée, portée, sauvée, chacun à leur façon.

Ce soir, à ma table, je vais les convoquer, un à un, et nous allons parler. Ils me montreront comment avancer, encore, sur ce chemin parfois difficile. Ils me diront les obstacles, ils écarteront mes doutes, et je les suivrai, confiante, ce soir, et tous les soirs.

Alors venez, entrez, asseyez-vous... Je suis si heureuse de vous retrouver ! Savez-vous pourquoi je vous ai invités ?

GILLES, il me faut comprendre mes faiblesses pour les transformer, je veux partir de zéro comme toi, et assurer mon avenir financier et celui de mes enfants

ORYANE, j'aime la passion que tu mets dans tes projets, ton investissement, ta créativité devant les murs qui se dressent sur ta route

ISABELLE, j'admire ton courage et ta force de travail, je veux moi aussi remplir mes heures sans les compter, avec la satisfaction du travail bien fait

MARTIN, donne-moi ton obstination têtue et ta foi inébranlable, même quand tout et tout le monde te crie de faire marche arrière

ANNA, BERNARD, DIDIER, dites-moi encore toute la rigueur de votre travail, votre assiduité à écrire, et votre confiance d'être publiés

GÉRARD, apprends-moi à rester passionnée malgré les années, à pétiller et à trouver encore de l'intérêt à ce que je fais

JACQUES, FRANÇOISE, CORINNE, je voudrais avoir votre niveau de connaissances, et votre manière de les donner en partage, avec humanité et bienveillance

Ce soir vous voici tous réunis à ma table, et cependant c'est vous qui m'offrez un véritable festin ! Merci, mille mercis de guider mes pas, merci de vous être un jour assis avec moi.

mardi 12 mai 2020

Le subterfuge


J'ai longtemps souffert de ce qu'on appelle le syndrome de l'imposteur.
Incapable de me croire capable.

De peur d'être démasquée, je sabotais mon boulot, juste pour que les critiques soient justifiées quand elles tomberaient. Ne pas finir ce que je commençais, ne pas commencer de manière à finir à temps, ou correctement. Savoir précisément ce qui était attendu... et ne pas le fournir.


Procrastination... Fainéantise... Lenteur... Mollesse...
A bien y réfléchir, j'ai encaissé des jugements bien pires que celui que je croyais mériter.
Mais chaque flèche renforçait mon sentiment de ne pas valoir grand chose en réalité, et c'était bien.

Dernièrement, un souvenir m'est revenu. Lorsque mon ado de fiston jouait à Need for Speed, un jeu de courses automobiles, il avait l'habitude de doubler tous ses adversaires à la dernière minute ou presque. Il exultait, se vantait d'être le seul à connaître "le subterfuge"... J'ai mis plusieurs mois à comprendre qu'il parlait en réalité d'un raccourci. Comment les deux mots se sont-ils télescopés ? Mystère.

Je n'aurais pas pu trouver meilleure illustration pourtant. Moi aussi, j'étais la seule à utiliser ce raccourci, ce subterfuge machiavélique, qui conduisait au plus vite à ma chute du piédestal. J'accélérais la découverte de mon incompétence, de peur d'être récompensée.

Aujourd'hui, j'ai changé de lunettes. Ce monde me mérite, et j'y ai ma place.
Je ne suis pas parfaite, oh loin de là : certaines blessures cicatrisent mal, et j'en souffre encore, je le sais. Et alors ? Est-ce que je dois dégonfler tous les pneus de ma voiture parce que j'ai roulé sur un clou ?


dimanche 3 mai 2020

Recommencer


J'ai entamé en 2008, sans le savoir, un cycle de 12 ans qui s'achève maintenant.

Je suis passée par des épreuves plus ou moins compliquées. 
J'avais parfois l'impression de me perdre. Je ne comprenais pas.
Et petit à petit, le rideau s'est levé, illuminant la pièce.
Aujourd'hui je vois devant moi, et j'en suis si reconnaissante ! Envers qui, envers quoi ? Je ne sais pas, et je m'en moque.
Seul compte cette sensation de gratitude, cette envie de dire "Merci !"

Merci pour ces rires, ces éclats de bonheur.
Merci pour ces joies, grandes et petites, qui illuminent mes pas.
Merci pour mes réussites, et aussi pour mes échecs, parce qu'ils m'ont permis de recommencer.
Merci pour ces rencontres, pour ces adieux, merci pour les passants fugaces, et pour ceux qui sont restés un peu.
Merci pour ces heures que j'ai la chance de vivre, que j'apprécie, que je savoure encore.

2020 ne se déroule pas très bien pour beaucoup d'êtres humains sur Terre. Je n'ai pas à me plaindre. Au contraire, cette année est pour moi le début d'une autre aventure, et penser à tout ce qui m'attend me donne un peu le vertige.
Je ne bois pas d'alcool, je ne prends pas de drogue, je n'ai adhéré à aucune secte. Je ne suis pas devenue une illuminée qui va tenter de vous convaincre. 
J'ai simplement le sentiment d'être arrivée. Et c'est énorme !