dimanche 30 juin 2013

Clinomanie


Cette semaine, télescopage et questionnement. Les pensées tamponneuses... ça existe ça ?

J'ai appris ce qu'était le lit de Procuste. Un fils de dieu de l'Olympe qui avait décidé que les humains sortaient tous du même moule (ha ha ha) et pour le prouver, les faisait coucher dans un lit : ceux qui dépassaient, il leur coupait les jambes, ceux qui étaient trop courts, il les étirait.
Aussi simple que ça.
Jusqu'où peut-on aller pour prouver qu'on a raison ?

J'ai appelé mon père. Qui m'a une nouvelle fois demandé si je "ne regrettais pas"... 
Honnêtement ? Je finis par ne plus savoir. 
Je suis entrée dans l'enseignement contrainte et forcée, pour nourrir mes enfants, avec en ligne de mire mon départ, à 45 ans. J'ai serré les dents bien des matins, j'y suis allée parfois en me répétant : "Pense aux sous, pense aux sous..." pour tenir le coup. 
C'est ça pour vous, un enseignant ? C'est le genre d'instit qui nourrit le fantasme du fonctionnaire, toujours en grève ou en vacances. Ce ne sont pas mes convictions.

Les aiguilles tournent. 
Je n'ai pas retrouvé le niveau de vie que me donnait mon salaire, même amputé par la saisie. "S'il le faut", je peux signer demain dans n'importe quelle crèche, n'importe quel établissement de santé : ce ne sont pas les contrats qui manquent. Je ne mourrai pas de faim.
Mais je retrouverai la boule au ventre, l'heure, le "Bonjour, ça va ?" quotidien et multiplié. Les autres...

Fin 2015, je peux même retourner en classe. Bouée ancrée au large. La limite de baignade autorisée. Combien seront-ils à penser que c'est encore la meilleure issue envisageable ?
Je suis pile à la moitié du parcours : il y a 30 mois, je démissionnais, dans 30 mois, je peux y retourner. 

J'ai une décision importante à prendre cette semaine. 
Superstition ? Seuls mes enfants sont au courant. Pas le meilleur moyen de recevoir des avis, ha ha ! Disons que, définitivement, je ne suis bien qu'au fin fond de mon lit.

dimanche 23 juin 2013

A la main


Grand chambardement de neurones.
Encore.

Le chômage tombe tous les mois.
Enfin.

J'ai retrouvé l'envie de créer.
Beaucoup.

Les jours passent, l'été s'installe. 
Bien.

Je rouvre les dossiers abandonnés.
Lentement.

Il est temps de penser à plus tard.
Aussi.

Retrousse tes manches, et avance.
Maintenant.


lundi 17 juin 2013

Ça f'sait longtemps...

Au début, j'ai cru que c'était mon nouveau débardeur.
La couture, la lessive, la coupe : ça me grattait juste à la bordure, je frottais un peu, j'oubliais.

Vendredi, ça brûlait. J'ai regardé dans le miroir : une belle plaque rouge, surélevée, comme une brûlure d'ortie. 
J'ai tout de suite tilté : Limoges, printemps 84, un dermato flegmatique, "c'est une allergie banale au soleil, restez à l'ombre, ça partira quand vous serez bronzée..." 
Euh, j'ai passé dix ans sous le soleil tropical, sans aucune protection, et sans aucun problème, et là, d'un coup, je ne supporterais pas les misérables 19°C du Limousin, et son ciel gris ?

Bah oui. A l'époque, j'avais dû me badigeonner de crème hydratante, avaler des antihistaminiques, et..... rester à l'intérieur. C'est parti en 10 jours.
Là, j'ai un peu râlé. Et j'ai oublié. Samedi, j'ai couru à droite, et aussi à gauche, sous un soleil de plomb, à 13h30 et à 16h, impossible de faire autrement. Et je l'ai payé, immédiatement. La tache rouge a doublé de volume, elle m'est remontée sous le cou et a coulé entre les seins. J'avais l'impression qu'un poulpe faisait sa sieste sur ma poitrine, ses ventouses suintant de l'acide chlorydrique, et plus je grattais, plus ça brûlait !

Rajoutons les doigts et les orteils gonflés, l'oeil droit à moitié fermé, les gencives saignantes et la mâchoire bloquée ; toute la peau (de tout partout !) hypersensible au toucher - très sympa pour s'allonger... Et des coups de pompe terribles, à ne plus pouvoir simplement me lever. J'ai adoré mon dimanche.

Il me reste une semaine, à vivre en chauve-souris.
Restons positifs : si j'en fais une tous les vingt ans, ça va, je m'en sors bien. Non ?

*lucite : c'est le petit nom de ma nouvelle compagne. Lucite estivale bénigne, plus précisément. Et on retrouve le terrain autoimmun... Grrr...


mercredi 12 juin 2013

"C'est parce que je suis grand..."


Il appuie sur le bouton d'appel de l'ascenseur depuis quelques semaines maintenant, et arrive à tirer la porte pour l'ouvrir. Alors, dis donc, pourquoi sa mère ne veut pas le laisser descendre seul, attendre en bas la voiture de la copine pour aller à l'école ? Hein ?

Il continue à triturer la langue française et ses mystérieux mystères : boulangerie, boucherie, charcuterie, ok, alors pizzarie ? Quoi ? PizzeRIA ? N'importe quoi !
Mais aussi : "Ma polaine, elle tient chaud !" / "J'ai lu En sel et Bretelle, à l'école" / "Il me fait de la crachure, le bébé !" / "Dessine des craies-en-haut, là, sur le château" ...
Et encore : "T'en as quelques-uns, des robots Transformers... - J'en ai quelques-deux et quelques-trois, même..." / "Elle t'aime beaucoup, Clémence ! - Oui, elle me-t'aime."

Il fait des cauchemars la nuit. Se met à genoux et supplie : "Mais parle pas anglais !"

Il répond au téléphone et parle, parle, parle : "Passe-moi ta mère, s'il te plaît." Il tapote quelques touches, et reprend : "Oui, c'est moi, c'est maman !" Je rigole, insiste : "Non, allez, passe-moi ta mère !" Il change de voix et dit : "Mais c'est ma mère, c'est *** !!" 

Il regarde s'éloigner sa tante, songeur, un peu triste. "On ne peut pas la laisser partir comme ça, Tatys ! - Pourquoi ? - Mais parce que j'ai envie de passer du bon temps avec elle !"  

Il prévient sa mère : "Ne recommence plus ! La prochaine fois, si tu me fais pleurer, je prends ton cadeau de la Fête des Mères, et je le donne à ma nouvelle maman !"

Il négocie. Dur. "Je dors dans ton lit ce soir. - Tu t'endors et je te porte dans ton lit. - D'accord, tu mets Gulli à la télé ? - Non, dors. - Bon, si tu mets pas Gulli, je dors toute la nuit ici, et si tu mets Gulli, je m'endors juste."

Il habitera à Paris quand il sera grand. Pourquoi ? Parce que Paris, c'est joli. Mais non, c't'une blague, il habitera là en bas, au 5e. "Comme ça, quand tu me manqueras, je viendrai, et quand même, j'aurai ma maison, et je me coucherai tard et je regarderai la télé, parce que tu me verras pas...."

Il regarde Donald aux prises avec Tic et Tac, sur l'ordi, et me prévient : "Là, tu vas trop rigoler, regarde, Donald il va..." Quel bonheur d'entendre ses explosions de rire !!

Mais ce que je préfère, c'est encore son câlin pour me dire au revoir. "Tu vas me manquer, ma super-Mémène."

Toi aussi, mon bonhomme. Toi aussi.


jeudi 6 juin 2013

N'en jetez plus

Prologue
Mon fils a actuellement de grosses difficultés au travail, parallèlement au harcèlement personnel dont il est la victime, l'ensemble du personnel du magasin a décidé d'une action collective en direction des patrons, totalement incompétents, et caricaturaux dans leurs excès.
Depuis samedi, nous tentons, à distance, de rédiger correctement les deux dossiers.
Autant dire que je me prends la tête.
Évidemment. 
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- Bonjour, je viens chercher ma machine.
- Oui, oui. Qu'est-ce qu'elle avait au juste comme problème ?
- Bien, comme je vous l'ai dit au téléphone, elle ne cousait plus du tout... le fil s'enroulait autour du boîtier, sans former le point.
- Ah..
- ... ???
- Non, parce qu'en fait, je l'ai branchée, je l'ai lancée, et voyez (il me montre une bonne dizaine d'essais... tous parfaits) Même le jean voyez, pourtant je l'ai plié en trois...
- Oui, je vois. (et j'ai juste envie de pleurer)
- Je ne mets pas en doute votre bonne foi hein !
- Non non...
- Bien... alors ... à dimanche... ?!
- Oui. A dimanche.
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"Bonjour
J'ai expédié un colis au départ de Paris, le jeudi 30 mai 2013, depuis la boutique *** rue Maubeuge.
En voici la référence : **.***.***.**
Le jeudi même, la prise en charge a été indiquée sur le site de suivi et le vendredi 31, les indications successives étaient :
"11h prise en charge / 14h06 prise en charge en agence / 19h (je ne me souviens plus, il me semble quil s'agissait d'un départ vers l'agence régionale) / 23h19 Votre colis est en cours d'acheminement"
Je me suis reconnectée le dimanche soir, les indications étaient les mêmes.
Je suis rentrée à mon domicile, à ***, et là, en me connectant dans la nuit de lundi à mardi 4 juin, je lis "Retour à l'expéditeur" !! Toutes les mentions précédentes ont été effacées, et ne reste plus que la prise en charge à l'agence qui est maintenant datée de 11h !
Impossible de trouver sur le site le moindre numéro de téléphone pour vous signaler au plus vite le problème.
Je suis très surprise de cette mention, l'expéditeur c'est moi, mon adresse est à ***, le point de livraison est également à ***, vous avez 2 numéros de téléphone, 2 adresses mail (personnelle, et professionnelle) et une adresse postale, quel souci peut justifier que mon colis disparaisse on ne sait où, et surtout, sans que je sois tenue au courant qu'il y a un souci quelconque ???
Dans ce colis se trouvent des tissus et des vêtements réalisés en vue d'un marché professionnel le dimanche 9 juin : dans 4 jours !! J'ai pris mes précautions, j'ai expédié ce colis le 30 mai, comptant sur une livraison au moins ce mercredi 5 juin, ou demain : 5 à 6 jours ouvrés, ça me semble une marge raisonnable non ?
Je suis très inquiète de ne rien voir, ni avis, ni colis, ni signalement d'un problème...... Pouvez-vous me dire très rapidement ce qu'il en est, où est mon colis, et quand est-ce que je pourrai le récupérer ? Je n'ai fourni aucune adresse à Paris, puisque je n'y habite pas, si par extraordinaire le colis était revenu à la boutique où je l'ai déposé, comprenez bien l'urgence de retourner le chercher pour me l'expédier au plus vite !!!
Merci de me tenir informée."
_________________________________ 
"- J'ai un souci, la caf est sur mon compte mais je n'ai pas le virement du loyer, d'habitude ils se suivent... Il me manque 23 euros, tu crois que c'est ça le problème ?
- Appelle-les, demande si le loyer est retenu - ils peuvent pendant 24h, et si tu dois faire un versement, je peux te mettre un peu de sous en attendant ton rappel du chômage...
(elle appelle, me rappelle)
- C'est bien ça, tu peux me faire le virement alors ?
- T'as pas demandé si je peux le faire par téléphone ?
- J'ai oublié...
- Bon, j'appelle.
(j'appelle, la rappelle)
- Je peux le faire sur le net, il me faut ton IBAN et le BIC de ta banque
- ************ et DZOVFFFDR
- C'est pas bon.... mais je ne sais pas où.....
- Ah mince j'ai oublié un F !
(j'appelle le service validation, 11 minutes de musique à fond...)
- Nous allons vous rappeler pour une double vérification Madame.
(20 minutes à m'occuper niaisement près de mon téléphone, ils rappellent)
- Je vais vous donner un code de validation.
(ah non, elle finit par raccrocher sans me donner ce code... 
je rappelle le numéro psychédélique inscrit sur mon portable)
- 0..4..3..4..3..4..3..4..3..4..sfr bonjour, par suite d'un trop grand nombre d'appels votre demande n'a pas pu aboutir.. 0..4..3..4.. sfr bonjour...
(je la rappelle)
- Bon je vais y aller direct, ça ira plus vite !
(je vais à la banque, fais la queue, m'explique)
- Ah mais en fait, le service validation a entré le code directement, vous auriez pu faire le virement depuis chez vous...
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- Bonjour madame, le site de suivi de mon colis indique qu'il est arrivé chez vous hier matin à 7h...
- Votre nom ? Comme le prénom ? non, je n'ai rien à ce nom. Rappelez demain. Après-midi.
- Bonjour monsieur, je vous appelle au sujet d'un colis dont j'ai perdu la trace, le site m'indique qu'il est arrivé hier au point de livraison, mais le point de livraison dit qu'il n'est pas là...
- En fait il est enregistré au nom de HELENE... Pas étonnant qu'elle ne le trouve pas ! Je vais le rechercher, je vous rappelle quand je l'ai retrouvé. 
...
- Je l'ai, il est arrivé à l'agence régionale effectivement hier matin à 7h. Vous l'aurez sans doute demain.. ou après-demain...
- Mais... il mettrait 72h pour faire 65 km ? C'est possible ça ?
- Disons que... on a déjà vu plus long encore...
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"A L'ATTENTION DES RESPONSABLES DES TRAVAUX"
Depuis mardi matin, je demande à ce que l'accès à mon portail soit dégagé, pour me permettre de sortir ou de rentrer chez moi (au numéro **) sans danger.
C'est la 4e fois que je fais remarquer ce problème, je trouve vraiment extraordinaire, d'une part que ma maison soit la seule concernée DE TOUTE LA RUE !! d'autre part, que rien ne soit fait pour retirer ou aplanir ces tas de terre qui se trouvent tout au long du passage.
Il est inadmissible que je sois condamnée à ne pas sortir de chez moi tant que ces travaux sont en cours. Sachez-le, ma patience a des limites."
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Épilogue (peut-être)
Je viens de passer 13 jours - éprouvants..- chez ma mère, elle s'est achetée une machine à coudre-brodeuse de compèt, jamais utilisée depuis sa livraison en janvier, et j'imaginais pouvoir réaliser quelques jolies choses à vendre sur le Marché de la Couturière, dimanche 9, où j'ai réservé un stand de 3 mètres pour la journée.
En théorie, ça aurait pu réussir.
Soupir.
Je vous laisse, j'ai un peu de couture qui m'attend.