C'est une partie de cache-cache interminable.
Ne pas répondre au téléphone, plus aucun organisme ne me croit quand je réponds que je ne vais pas tarder à toucher mon rappel.
Ne plus ramasser le courrier que tous les 3 ou 4 jours, il n'y a que des enveloppes administratives qui menacent de coupures, poursuites, suppressions, et autres joies infinies.
Rapporter chaque jour les barquettes de la crèche, payer le lait avec des pièces rouges, ne plus faire qu'un repas par jour, éprouver un bonheur véritable quand le siège de la voiture "rend" une pièce de 50 centimes.
Bondir dès qu'une camionnette stoppe dans la rue, je ne supporterai pas d'attendre "la fin du mois" sans électricité ni eau, non, je ne le supporterai pas.
Passer des heures dans le bus, ou à l'arrêt, et rentrer épuisée de ces journées à rallonge, le faux sourire collé aux lèvres, parce que chaque jour, CHAQUE JOUR, les collègues demandent : "Et alors, ça s'est arrangé tes problèmes ?" et qu'il n'est pas question de laisser déborder les larmes qui menacent, chaque fois que je réponds : "Ben non..."
Sourire encore lorsque les mêmes collègues tiennent pour acquis mon bonheur d'être parmi elles, et ma reconnaissance éternelle d'être prolongée de 3 jours, encore, "et tu as postulé pour la saison hein !?", mais oui bien sûr, mon ambition ultime a toujours été de passer mes journées à changer des couches sales.
Calculer indéfiniment la destination de chaque centime qui roulera bientôt (bientôt ?) de mon compte vers les griffes crochues de chacun de ces créanciers à l'affût, et pleurer de rage en constatant qu'il en manque encore, encore...
Nous sommes le 25 février.
Je n'ai qu'une question : est-ce que je recevrai mon rappel ?