dimanche 24 avril 2011

"Mémène, elle va faire la fée !"

1er acte
- Au fait, pour l'animation de samedi, faut s'habiller comment ? On met la blouse de la crèche, ou on vient habillé normal ?
- Ah mais on t'a pas dit ? y a une tenue spéciale !
- Ah bon ?
- Oui, c'est une sorte de justaucorps en haut, avec un tutu en bas...
- C'est une blague ?! Eh, on est le 18 avril, pas le 1er, les poissons, c'est fini hein !
- Non c'est pas une blague, va voir Flo elle va t'expliquer.

2e acte
- Bonjour Florence, il paraît qu'il y a une tenue spéciale, pour samedi...
- Oui oui, en fait, pour l'anniversaire de la Ville, on s'habille en bleu, il faudra des ballerines blanches par contre...
- Ah, c'est juste qu'on s'habille en bleu..
- Non non, la couturière est en train de finir les tenues, alors c'est un body décolleté en haut, enfin c'est une robe hein non tu viens de dire que c'est un body ! et puis une jupe en tulle, plusieurs voiles en plusieurs bleus ouais, un tutu quoi ! et puis dans les cheveux on a un diadème, avec du voile achevez-moi par pitié ! mais il faut venir à 13h30 par contre, pour le maquillage...

Si vous me cherchez je suis dehors. En train de vomir.

3e acte
Va falloir qu'on m'explique.

Dans mon miroir, j'ai visiblement maigri de 10 petits kilos.
Sur les photos, j'ai visiblement grossi de 10 bons kilos.

Je flotte dans mon jean 46 que j'ai dû retailler de 3 cm de chaque côté, et que je porte ceinture retournée pour ne pas le perdre quand même...
Je suis boudinée dans cette robe 44 dont les manches me cisaillent le gras du bras, et le bas n'arrête pas de remonter en rouleau sur la taille...

J'ai croisé sans problème la peluche géante dans l'escalier quand je suis montée me changer en arrivant.
J'ai dû me plaquer au mur de profil pour laisser passer ma chef anorexique quand je suis descendue...

4e acte
- Regarde, c'est Mémène !!
Maxence regarde dans tous les sens, sans me reconnaître.
- Là, là ! Regarde, Mémène elle est toute bleue !
Maxence cherche maintenant les gens habillés en bleu, alors que je suis juste devant lui.
- Mais là ! Juste là ! Oui !! C'est Mémène !
Maxence me dévisage fixement, il ne me reconnaît toujours pas.
- Regarde, elle a mis un chapeau bleu Mémène ! et une robe de fée !
S'échappent alors de la bouche de Maxence quelques Oh! étranglés de stupeur... Il ne sait pas s'il doit rire ou pleurer.

A vrai dire, moi non plus.

5e acte
- Qu'est-ce que vous représentez, toutes habillées en bleu comme ça ?
- Honnêtement je n'en sais rien... La mer peut-être... Ou les couleurs de la Ville...
- En tout cas, ils ne vous ont pas raté cette année !
Et elle s'éloigne en pouffant de rire.

C*nnasse !
C'est ça, casse-toi avant que je te fasse bouffer mon tutu !!

6e acte
Un p'tit bouchon d'à peine deux ans se présente devant mon château gonflable.
- Pour entrer, il faut enlever tes chaussures, bonhomme...
- Et il faut dire bonjour à Ellen, rajoute le papa.
Je scanne à toute allure les deux visages mais rien à faire, je ne connais ni l'enfant, ni le père. Il a sans doute lu mon prénom sur mon badge.
P'tit bonhomme me tend ses deux bras, la bouche en coeur, les yeux brillants : je m'accroupis, cueille son baiser, souris, me redresse en disant :
- En plus, j'ai droit à un bisou, merci !
Et papa ajoute :
- Et vous pouvez avoir un bisou de moi aussi !
La bouche en coeur, les yeux brillants...
Euh...
Un pervers qui kiffe les grosses fées bleues.
Fuyons.




Oui je vous mets une photo. Vous n'avez vraiment pas de coeur...

samedi 16 avril 2011

20 ans que ça dure

La première fois que je l'ai vue, je ne l'ai pas vue.
Petit grain de folie perdu dans le gris, elle était minuscule, invisible, aussi impalpable que le rêve qu'elle réalisait.

La première fois que je l'ai vue, elle se battait. Nidée du mauvais côté de mon utérus replié, elle avait si peu de chances de l'emporter que la gynéco m'a dit : "Vous recommencerez dans quelques mois..."

Elle se trompait.

La première fois que je l'ai vue, je l'ai grondée. Tu m'as fait tellement mal mon bébé, oh la la, que tu es grosse, tu m'as fait mal... Elle s'en fichait, elle hurlait plus fort que moi.
Elle était aussi blonde que ses aînés étaient bruns, aussi déplumée qu'ils étaient chevelus, et si potelée, oh si potelée que j'ai passé toutes ses premières semaines à la croquer.

Ça a été un bébé extraordinaire, un trésor, un miracle chaque jour renouvelé. Elle était là et j'avançais. Sans rien dire, en souriant, simplement, elle traçait mon chemin. Au plus profond de ma solitude, elle me tendait toujours la main : Maman, viens...

C'est devenu une petite fille incroyable. Elle jouait aux poupées avec sa soeur, aux voitures avec son frère, elle vivait à cent à l'heure, en se retournant de temps en temps pour vérifier que je suivais. Si jolie avec ses boucles blondes et ses yeux verts, elle riait comme on respire, et je suffoquais de bonheur.

Elle a grandi en une seule nuit. Ou bien je me suis endormie : j'ai fermé les yeux un peu trop longtemps, et sur la pointe de ses larmes elle est partie. Pendant des années je l'ai cherchée, elle m'échappait dès que je croyais l'apercevoir, brume irréelle, violente bourrasque, coups de tonnerre et sombres jours, elle s'échappait. J'ai fini par ne plus la voir.

Les anniversaires se sont succédés, une petite étoile a illuminé brièvement sa nuit noire avant de filer, à son tour. Je me suis couchée, fatiguée.

Un jour, le miracle s'est renouvelé. Des petits doigts se sont accrochés aux siens, des yeux noirs ont planté leur regard dans ses paillettes dorées, elle a souri, elle a fondu, elle est revenue. Solide, intransigeante, obstinée et pourtant si fragile, elle a posé ses heures solitaires au milieu de nos vies, incontournable, elle mène sa barque tant bien que mal, sans bien comprendre parfois, mais décidée à réussir.

Je l'entends chanter quelquefois, et rire aussi. Et je me rappelle ce soir-là, il y a 20 ans maintenant... 20 ans.

vendredi 15 avril 2011

Le bon bout

Pas très présente ces temps-ci, à part pour me plaindre que je travaille trop.... hum... que je travaille tout court....

Certains individus (je ne cite aucun nom...) passent beaucoup de temps à attendre que le dernier épisode de la nouvelle saison de leur(s) série(s) préférée(s) sorte(nt) sur Internet, le suspense entre deux téléchargements est parfois insoutenable...

Moi j'ai mes propres séries homemade... Trop la classe ! Pas besoin de télécharger, mais usage intensif tout de même de l'ordi... surtout la boîte mail. Alors, dans l'ordre nous avons :

- Au revoir, au revoir, Président ! : une série à suspense, 3 saisons déjà, à base de riches qui gaspillent, de pauvres qui galèrent, c'est plein de personnages différents mais qui répètent souvent la même chose : "Je vous ai fait parvenir ces documents il y a quelques jours..." Au dernier épisode, l'héroïne misérable qui compte ses sous au centime, choisit de faire confiance à la méchante qui lui file les billets un par un, en disant chaque fois : "Oh je me suis trompée, je vous en ai trop donné, rendez-moi un zilliard et demi et vite !"

- Arlette la Maléfique : commencée à l'été 2009 celle-là, c'est plutôt technique, un peu comme les Experts, faut pas piétiner la scène de crime ... Il y a une équipe de pro qui ratisse tout ce qui leur tombe sous la main, depuis la ventilation de la salle de change jusqu'à la composition du sous-plafond, en passant par le sac-poubelle de la cuisine et l'évacuation par la fenêtre en cas d'incendie. La dernière fois, Arlette a décidé de ne plus se déplacer, elle a carrément exigé un cross-over avec les équipes de Montpellier-New York et Libron Thongue- Miami ! Diffusion le 4 mai prochain, pinaise, j'ai hâte d'y être !

- MythoMan : ouh, là c'est du lourd, 4 mois que ça dure, le petit-fils va-t-il enfin rencontrer son grand-père ? C'est aussi long que les Feux de l'Amour, des plans qui durent trois plombes sur un seul mail, des dialogues d'enfer : "Mais j'ai appelé Odile hier, elle devait te rappeler aujourd'hui... Bon je t'appelle demain !", des magouilles, des revirements, et les gros méchants de l'autre famille (mais si, du côté paternel, c'est quand même des gros méchants aussi !) à l'affût qui téléphonent pratiquement chaque jour, "Alors, t'es pas partie finalement ?" J'ai tellement envie d'aller lui pourrir la g... à l'autre crevard, avec ses messages mielleux je t'aime-ma chérie-tu me manques-je fais le maximum, et la chérie elle est prête à sauter dans l'avion alors qu'il n'a même pas un lit pour la faire dormir avec son bébé ! J'espère qu'elle finira pas lui exploser la tronche... mais bon... Ce genre de scénario, c'est prévu pour durer des années.

- La remplaçante : toute nouvelle série, bof, pas terrible en fait, chais pas trop si je regarderai jusqu'au bout, c'est toujours la même chose. Il reste 11 épisodes de 7h, ça tourne en rond : les collègues langues-de-vip qui se tirent dans les pattes, les vilains bébés pleurant non-stop qui deviennent des bouilles à bisous toujours à sourire, les parents qui dégainent leur carte C'est-les-dents ! chaque fois qu'on leur dit nez qui coule/fesses rouges/fatigue intense... Dans l'épisode d'hier, la remplaçante a carrément oublié de remonter la barrière du berceau ! Et l'autre, sourde qui ne branche jamais son appareil (ça me donne mal au crâne...) allait donner un bib de lait à la petite allergique aux PLV : ouch, le plongeon des deux auxi, de chaque côté, pour choper le biberon avant que la tétine ne touche les lèvres ! Mais bon, quand même, c'est trop lent, pas d'action rien, ça me fait bâiller.

- Cousons-Cousette : ça démarre doucement cette série, ils terminent juste les pilotes. Le week-end dernier, c'était un épisode rose paillettes sur des fées, avec des ailes en tulle et des broderies en pâte-relief, pour un baptême, sympa. Et puis, le truc de dingue : un magasin de tissus qui fait une nocturne ! avec apéro et nouvelle collection de printemps, ça déchire...

Ha ha ha, incroyable le jeu de mots, tissus/ça déchire, hihihi, hou hou... *essuie une larme* qu'est-ce que je suis drôle moi quand je m'y mets sérieusement !

mardi 5 avril 2011

Ô rage ô désespoir

Jeudi 31 mars, fin de mon contrat, la crèche toute entière passe me demander si je reviens demain... Le poisson est trop gros, la directrice appelle la Mairie : ils ont bien l'intention de prolonger encore de quinze jours.
Lundi 4 avril, la collègue que je remplace est chez son médecin, la nouvelle est encore officieuse : elle est en arrêt jusqu'au 2 mai. Nouvel émoi dans toutes les sections : mais comment on va faire , mais on va perdre nos congés ! Quelle horreur ! Nouveau défilé chez les Bébés : "C'est vrai que tu ne reviens pas ? il paraît que tu ne peux pas rester c'est vrai ? mais comment on va faire..."

Je vois s'éloigner mon petit séjour fin avril à Paris à la vitesse grand V.... Snif.
Mais, euh, comment dire, hum, Véro-que-je-ne-connais-pas-parce-que-je-te-remplace, j'te préviens : T'AS INTÉRÊT à être là le 2 mai !!!

Positive Way : bon ben la Zazoune, avec ce deuxième salaire finalement je peux te payer ton Pass pour la convention des Vampires, avec ton Ian Somerhalder, là-haut. On n'a pas tous les jours 20 ans....

dimanche 3 avril 2011

Peut-être mais en tout cas....

On regarde Extreme MakeOver. Émission dégoulinante de bons sentiments et de solidarité bien-pensante, qui fait pleurer dans les chaumières américaines et les autres.
Une famille généralement bien-très-beaucoup malheureuse, à qui l'équipe offre une maison refaite à neuf, et souvent, en plus, de l'argent : pour solder le crédit signé à perpétuité, ou pour payer l'université à la nuée d'enfants que ces parents inconscients ont dotés de cerveaux en état de marche.

Aujourd'hui, un couple, avec ses treize enfants adoptés (vi vi, TREIZE ! dont deux bébés handicapés) : ils ne tiennent plus dans la caravane où ils se sont réfugiés après le cyclone qui a détruit leur maison déjà moisie.
Jessica Alba, la star invitée cette fois, déclare à la caméra, la larme à l'oeil : "Cette émission me donne envie d'aider..."

Et Nanette d'enchaîner aussi sec : "Ben moi, cette émission me donne envie d'être aidée !"

Fou-rire.

Nerveux ?