samedi 25 juillet 2009

Hin hin hin

Un truc débile au possible et que j'adore faire :
suivre une voiture, au hasard, aussi loin que possible.

Un jour, sans faire exprès, je suivais un 4x4, et chaque fois qu'il tournait je tournais aussi, et coup de chance, je passais chaque feu juste derrière lui, pas de stop, et ça durait, ça durait.
Sur une longue ligne droite où j'aurais pu le dépasser, je rêvassais, et je suis restée derrière, sans remarquer qu'il ralentissait de plus en plus.
Au bout de quelques minutes, il s'est carrément arrêté en warning, sur le bord de la route complètement déserte... Quand je l'ai doublé, quatre paires d'yeux me dévisageaient, l'air affolé et/ou hargneux, et dans mon rétro je les ai vus reprendre la route.

Depuis je fais exprès.
Je choisis une voiture dans la rue en bas de chez moi, c'est une nationale très passante, qui contourne la ville par la gare. Et je m'accroche. J'ai une voiture très voyante, Marguerite. Une fois qu'on m'a chopée dans le rétro, difficile de m'oublier.
Et je suis. Pas trop près, pas trop loin. Faut faire gaffe aux feux oranges (j'avoue, je passe...), aux stops fréquentés, aux doubles files... Je prends des voitures un peu spéciales, couleur ou forme : pas une clio grise ou une 307 blanche, il y en a trop, je les perds de vue.
Le plus drôle c'est quand on va dans des endroits bien privés. Une résidence, un tout petit lotissement, une zone d'entreprises. Là tu vois qu'ils se posent vraiment des questions, devant. Des fois ils se garent, pour voir. La plupart du temps, ils s'accrochent au rétro, le bougent, me font des signes. Quelques-uns se retournent.
Quand je suis d'humeur taquine je leur fais des appels de phare. Et de grands gestes. Ha ha ha, qu'est-ce que je rigole !

samedi 18 juillet 2009

Arrête de pleurer et va t'amuser

Lors de ma toute première dépression, après mon divorce, mon toubib de l'époque me disait : "Les antidépresseurs, c'est comme des lunettes roses, ils ne vont pas transformer votre vie, juste vous permettre de la voir plus belle."

Ensuite, je suis tombée sur cette phrase que j'aime bien : "Le rire, c'est comme les essuie-glaces, ça n'arrête pas la pluie, mais ça permet d'avancer."

Je continue dans la même voie.
Ce soir je vais dîner chez une copine que je n'ai pas vue depuis un bon moment, j'apporte les pâtes, les côtes de porc, et le dvd "Arrête de pleurer Pénélope".

On va rigoler.

Mais si.

vendredi 17 juillet 2009

Il est minuit Docteur Machin



Premier bilan de l'auto-tag.

Aller chez le coiffeur (me tondre la tête ? ça me tente vraiment …)
Je me suis tondue. Dès que j'ai pu lever les bras, en sortant de l'hôpital. Soit le vendredi 15 mai.
Tondue rasée net brillant. Plus un poil sur le caillou.
A noter : la sensation du vent sur le crâne. Frissonnant.
Et celle de porter un bonnet en scratch Velcro. Étonnant sur la taie d'oreiller. Ahurissant en enfilant les tee-shirts. Trop marrant pour choper les peluches et les pulls sans les mains. Très énervant pour se sécher en sortant de la douche.
Mais ça repousse trop vite.

Acheter un décodeur TNT
"Allô bonjour service qualité de IlyArrive, je voulais savoir comment s'était passé le transfert de vos services internet depuis le rachat de PouleTélécom..." Ben moi surtout ce qui m'embête c'est que je paie pour la télé et j'ai pas la télé madame. Ah oui c'est embêtant, vous vous rendez pas compte en vrai, cinq chaînes quand on paie pour 59, euh, voilà quoi !...
Trois ans que j'habite à cette adresse, trois ans qu'on me répète : "Nos services techniques arrivent Madame, vous allez bientôt bénéficier de la télé numérique, oui oui oui..."
Et là, oh miracle, mon nouveau décodeur va m'être livré, avec la nouvelle box qui va bien !
59 chaînes... Je bave.

Acheter de nouveaux vêtements
Bon, ok, je triche un peu : UN vêtement. Un tee-shirt. Uni, bleu marine, en nid d'abeilles, taille 42.
Mauvaise surprise : je pensais qu'il serait un peu lâche, il me boudine.
Aie.
On va attendre pour les autres achats.

Commencer une psychanalyse
J'ai pris rendez-vous, ce sera pour le 12 août, 11h. Appeler une semaine avant pour confirmer.
Frisson.

Déplacer le frigo
Il a fait la moitié du chemin. Je l'ai extirpé du fin fond de la réserve où il végétait (je n'y allais plus...), débranché, vidé, lavé.
Il est dans le couloir, en face de la porte d'entrée, il ronronne quand je passe devant pour aller à la salle de bains.
Il lui reste 3 mètres à faire, pour arriver dans la salle à manger, près de la future table et des futurs bancs.

Photographier mes enfants
Avec mon appareil photo numérique tout nouveau (voir plus bas), le jour du pique-nique de la Fête des Mères (voir plus bas... bis)
Ça m'a plu, pas à eux. M'en fous, je recommencerai.

Rempoter le cerisier de mon petit-fils
On a investi dans une mini-pelle, six euros, mouillé le bout de terrain compact, plus proche de la terre glaise que du gazon anglais. On a réussi à creuser un gros trou, qu'on a rempli avec du terreau, mélangé à la boue. On y avait mis le placenta, congelé, dans le fond, et les racines du cerisier par-dessus, avant de remplir. On a arrosé tout ça, fièrement, tous les jours pendant dix jours. Et ça y est, il fait de jolies feuilles bien vertes, bien larges ! Fierté...

Prendre une mutuelle-santé
Je suis d'abord allée faire des devis un peu partout, et puis finalement j'ai pris la Maaf. C'est celle qui couvre le mieux mes futures dépenses, dents et examens de contrôle cheeeers....

Acheter un appareil photo numérique
Mon fils m'a donné le sien, le "vieux". Sans piles, sans carte, et sans câble. J'ai acheté des rechargeables, un chargeur, une carte SD, et j'ai dégoté un vieux câble Kodak. Mais c'est mon ordi qui ne reconnaît pas le Plug-and-Play. Snif.

Faire des pique-niques avec ma famille
Le dimanche de la Fêtes des Mères. Je les avais sous la main, tous les 4, allez hop ! à la plage ! Avec un détour par Marché Plus, pour prendre de quoi faire des sandwiches, et à boire, et des fruits.
Bon ils ont acheté des panini et des pan bagnats à la plage mais l'intention y était non ?

Coudre les couches lavables de mon petit-fils
Pour l'instant, j'en suis à 3 seulement. Une flemme immense, c'est nul, j'ai absolument tout le matériel sous la main, faut juste que je m'y mette. Je vais m'y mettre.

Trouver (et manger !) des pralines roses
Bon, dans la perspective du régime sans gluten qui s'annonçait, celui-là, fallait que je me dépêche de le réaliser... Ok, ça ne justifie pas que je me sois enfilé le sachet de 500 g en 24h. C'est vrai.

Douze. Sur cent un.
Trois mois. Sur trente-deux.
Mouais.

jeudi 16 juillet 2009

Où suis-je ? Où cours-je ?

Dans quel état j'erre ?

Il faut que je sorte de mon trou.

Hop hop !

Dorénavant je réponds quand mon téléphone sonne, je rappelle ceux qui me laissent un message (ou pas).
Je laisse des commentaires sur les blogs que je lis.
Je prends des rendez-vous et je vais voir les gens dehors, les vivants, je leur parle, je leur souris.
Je me connecte en ligne sur MSN et je réponds aux coucous que je reçois.

Respire.
Tu peux le faire.

mercredi 15 juillet 2009

Je t'avais prévenu

Nouvel épisode de la saga paperasse.
Mon beau-frère.

Il y a 20 ans, mon ex-mari s'est mis en tête de vendre des voitures. Mandataire européen, ça s'appelait à l'époque, ça démarrait fort : il achetait des voitures neuves suréquipées moins chères en Belgique ou en Espagne, et il les revendait en France, en se prenant un pourcentage.
En 90, son frère (mon beau-frère donc) vient le chercher en Avignon pour le ramener en Bretagne, il a un superplan, un dépôt-vente de voitures d'occase, superbien placé, superbien fréquenté, un superchiffre d'affaires, super super tout est super. Avec les voitures neuves, ça va être d'enfer, tu vas voir on va s'en mettre plein les poches... et faire vivre au passage la belle-famille, 2 parents qui foutent rien, 9 enfants de 23 à 1 an, 2 conjoints en pièces rapportées, et déjà 4 petits-enfants.
Mais avant de prendre, il faut donner : pas de problème, on va faire des prêts perso, en établissant des fiches de paie (un peu) gonflées, ça passe comme une lettre à la poste.

Bon je vous entends d'ici : oui, on a triché, oui je me suis déclarée célibataire, sans enfants, et directrice commerciale avec un revenu confortable de 10.000 francs mensuels. Mon beau-frère aussi. Résultat : deux prêts de 80.000 francs, en caution solidaire croisée (j'ai signé pour lui, il a signé pour moi), virés en moins de dix jours sur nos comptes respectifs, et aussitôt reversés à mon ex-mari qui les a engloutis dans la "super-super-bonne-affaire"...

Il l'a coulée en six mois top chrono. Entre les contrôles techniques offerts, les pneus remplacés gratos, les garanties rajoutées à l'oeil, nos commissions qu'il partageait allègrement entre le vendeur et l'acheteur : l'adresse a été très vite repérée par les escrocs en tous genres, le parc est devenu un dépotoir de carcasses invendables, on déshabillait Pierre pour habiller Paul, et à la première plainte pour escroquerie la gendarmerie a fermé sans se poser de question.

Évidemment les prêts n'allaient pas se rembourser tous seuls. Le Crédit Municipal a sauté sur mon premier salaire d'instit, en 91, et depuis il saisit scrupuleusement tout ce qu'il peut.......... pour les deux prêts !
Bien sûr : mon beau-frère s'était bien gardé de retrouver du boulot, et se retrouvait donc insolvable. Pas moi. Moi j'étais la bonne affaire bien juteuse, la fonctionnaire, inratable ! Au point que lorsqu'il a fini par ouvrir sa propre boîte de carrosserie, en 98, et que je l'ai signalé au CM, ils m'ont répondu qu'à leurs yeux, le dossier n'était pas en contentieux, qu'ils n'ouvriraient donc pas de poursuites supplémentaires car les deux prêts étaient payés régulièrement. L'avocat saisi à cette époque m'a confirmé que je pourrai me retourner contre mon beau-frère..... lorsque la totalité de la dette serait payée !

J'ai donc payé. Aujourd'hui, il reste 1.000 euros sur mon prêt, et 2.000 sur le sien. Mais mais mais ... la bonne nouvelle c'est que comme il s'agit d'intérêts, je peux dès à présent lui réclamer le principal versé, à savoir 12.000 euros. Ça va faire du bien quand ça tombera, miam.

Depuis un mois je me suis transformée en détective : ça occupe. J'ai retrouvé sa boîte, et aussi une SCI avec ses frères et soeurs, une adresse perso. J'ai appelé et c'était sa voix sur le répondeur.
Il y a deux semaines j'ai expédié deux lettres recommandées avec AR, adresse perso et adresse du boulot, en croisant les doigts pour qu'il en prenne au moins une. Bingo ! Le délai que je lui donnais pour me répondre est maintenant expiré.
Ce matin, j'ai vu mon avocate, et elle prend le relais : courrier, tribunal, titre exécutoire, huissier... Dans quelques semaines je vais être riiiiiche !

J'espère....

mardi 14 juillet 2009

Il faudrait ne jamais devenir grand

CRÉON
Ne m'oblige pas à payer avec toi encore. J'ai assez payé.

ANTIGONE
Non. Vous avez dit "oui". Vous ne vous arrêterez jamais de payer maintenant !

CRÉON la secoue soudain, hors de lui
Mais, bon Dieu ! Essaie de comprendre une minute, toi aussi, petite idiote ! J'ai bien essayé de te comprendre, moi. Il faut pourtant qu'il y en ait qui disent oui. Il faut pourtant qu'il y en ait qui mènent la barque. Cela prend l'eau de toutes parts, c'est plein de crimes, de bêtises, de misère... Et le gouvernail est là qui ballote. L'équipage ne veut plus rien faire, il ne pense qu'à piller la cale et les officiers sont déjà en train de se construire un petit radeau confortable, rien que pour eux, avec toute la provision d'eau douce pour tirer au moins leurs os de là. Et le mât craque, et le vent siffle, et les voiles vont se déchirer, et toutes ces brutes vont crever toutes ensemble, parce qu'elles ne pensent qu'à leur peau, à leur précieuse peau et à leurs petites affaires. Crois-tu, alors, qu'on a le temps de faire le raffiné, de savoir s'il faut dire "oui" ou "non", de se demander s'il ne faudra pas payer trop cher un jour et si on pourra encore être un homme après ? On prend le bout de bois, on redresse devant la montagne d'eau, on gueule un ordre et on tire dans le tas, sur le premier qui s'avance. Dans le tas ! Cela n'a pas de nom. C'est comme la vague qui vient de s'abattre sur le pont devant vous ; le vent qui vous gifle, et la chose qui tombe dans le groupe n'a pas de nom. C'était peut-être celui qui t'avait donné du feu en souriant la veille. Il n'a plus de nom. Et toi non plus, tu n'as plus de nom, cramponné à la barre. Il n'y a plus que le bateau qui a un nom et la tempête. Est-ce que tu le comprends, cela ?

ANTIGONE secoue la tête
Je ne veux pas comprendre. C'est bon pour vous. Moi je suis là pour autre chose que pour comprendre. Je suis là pour vous dire non et pour mourir.

CRÉON
C'est facile de dire non !

ANTIGONE
Pas toujours.

CRÉON
Pour dire oui, il faut suer et retrousser ses manches, empoigner la vie à pleines mains et s'en mettre jusqu'aux coudes. C'est facile de dire non, même si on doit en mourir. Il n'y a qu'à ne pas bouger et attendre. Attendre pour vivre, attendre même pour qu'on vous tue. C'est trop lâche. C'est une invention des hommes. (...)
La vie n'est pas ce que tu crois. C'est une eau que les jeunes gens laissent couler sans le savoir, entre leurs doigts ouverts. Ferme tes mains, ferme tes mains, vite. Retiens-la. Tu verras, ça deviendra une petite chose simple et dure qu'on grignote, assis au soleil. Ils te diront tous le contraire parce qu'ils ont besoin de ta force et de ton élan. Ne les écoute pas. Ne m'écoute pas quand je ferai mon prochain discours devant le tombeau d'Étéocle. Ce ne sera pas vrai. Rien n'est vrai que ce qu'on ne dit pas... Tu l'apprendras toi aussi, trop tard, la vie c'est un livre qu'on aime, c'est un enfant qui joue à vos pieds, un outil qu'on tient bien dans sa main, un banc pour se reposer le soir devant sa maison. Tu vas me mépriser encore, mais de découvrir cela, tu verras, c'est la consolation dérisoire de vieillir, la vie, ce n'est peut-être tout de même que le bonheur.

ANTIGONE murmure, le regard perdu
Le bonheur...

CRÉON a un peu honte soudain
Un pauvre mot, hein ?

ANTIGONE doucement
Quel sera-t-il, mon bonheur ? Quelle femme heureuse deviendra-t-elle, la petite Antigone ? Quelles pauvretés faudra-t-il qu'elle fasse elle aussi, jour après jour, pour arracher avec ses dents son petit lambeau de bonheur ? Dites, à qui devra-t-elle mentir, à qui sourire, à qui se vendre ?
Jean ANOUILH

Toujours recommencer

La cathédrale - RODIN
"Et je vis Sisyphe qui souffrait de grandes douleurs et poussait un énorme rocher avec ses deux mains.
Et il s'efforçait, poussant ce rocher des mains et des pieds jusqu'au sommet d'une montagne.
Et quand il était près d'en atteindre le faîte, alors la masse l'entraînait, et l'immense rocher roulait jusqu'au bas.
Et il recommençait de nouveau, et la sueur coulait de ses membres, et la poussière s'élevait au-dessus de sa tête."
Homère

J'essaie vraiment. De toutes mes forces.
Tous les matins, toutes les nuits, je me dis : secoue-toi bon sang, ça devient ridicule à la fin !
De temps en temps j'ai un sursaut d'énergie, j'ai envie, je réagis...
Je remplis une poubelle, je la descends.
Je fais la vaisselle.
Je fais tourner une machine, je l'étends.
Je trie quelques papiers.

Je fais semblant.

Je n'y arrive pas.
Je n'en sors pas.
Je suis embourbée dans une sorte de sables mouvants, qui me paralysent, lentement, je descends.

Pourtant j'essaie.
Vraiment.

vendredi 3 juillet 2009

Ici la Voix

La porte claque derrière moi.
Le couloir étend sa peinture crasseuse, il me prend l'envie soudaine d'acheter un pot de laque pour recouvrir cet orange glauque et visqueux qui m'accueille à chaque entrée.
Mais j'entends déjà les piaillements haut-perchés de la proprio : "Aucun changement sans mon accord !"...
Qu'importe ! J'avance dans la cuisine dévastée, la vaisselle sale a envahi l'espace et semble surgir au fur et à mesure que mon regard balaie la pièce. Dans le fond, j'aperçois la longue table où s'attardent les invités.
J'installe le bébé sur son trotteur gonflable, il empoigne gaiement la grosse tête bleue et rouge de son canard et s'éloigne vers le jardin.
Il fait chaud, ma chemise légère en flottant autour de moi crée un courant d'air si agréable... Michel se lève en me voyant, il prend ma main et m'attire à l'écart, mon dos s'appuie contre le mur du coin, nos visages sont délicieusement proches, le souffle court, les lèvres entr'ouvertes, je frissonne et ferme les yeux.
Mais il tombe à genoux sur le carrelage, sa tête faiblit et se plie, il rampe vers le seuil en râlant : "J'ai froid, j'ai si froid tout à coup ! je ne sais pas si le soleil reviendra demain..." Dehors, le ciel s'est assombri, de lourds nuages noirs se déchirent autour de la lune tremblante.
Je hurle qu'il faut ramener le petit, l'appeler encore et encore de tout notre amour pour qu'il revienne : "Bébédou ! Bébédou !"
La Voix me réplique qu'il est trop tard, j'aurais dû mieux choisir, et j'aperçois la chemise rouge sang de Nagui. Il s'approche, prend ma main, m'enlace fiévreusement mais je me débats, supplie la Voix, m'aggrippe aux nuages sombres en pleurant : "S'il te plaît, s'il te plaît, je veux bien l'aimer mais mets-le dans le corps de Michel !"
Mes cris ont fait surgir le bébé, à cheval sur son canard il jaillit des nuages et je l'appelle, mes cajôleries se fondent dans le doux sifflement du plastique qui se dégonfle, bébédou mon amour, nous ne t'abandonnerons jamais, dors, dors.
Je l'emporte au creux de mes bras vers la véranda octogonale, aux stores de bois exotiques, avec son splendide lit blanc à baldaquin dont le haut fait mezzanine : un bureau y est installé, j'inspecte les chaises blanches, les larges plans brillants, mon regard se porte loin vers la forêt d'un vert sombre.
Émerveillée, je demande à mon fils : "Mais comment as-tu fait pour l'emporter sans qu'elle le voie ?"

Hum. Faut que j'arrête de m'endormir devant la télé moi.