vendredi 12 mars 2010

Les histoires d'A

Ma fille reçoit un courrier de la CAF, les éléments de son dossier ont été réétudiés, elle n'a plus droit à aucune prestation. Courrier en date du 23 février, posté le 8 mars, reçu aujourd'hui.
Je l'accompagne au guichet, la regarde parler. Elle est furieuse, elle est froide, elle est belle. Ses yeux foudroient l'agent, qui se ratatine derrière son comptoir et promet de faire partir le paiement dès lundi. Je suis ma fille qui s'éloigne, la tête haute, encore une fois à cause de leurs conneries... ! Elle traverse à grands pas la salle pleine à craquer de misère humaine, et je suis fière d'elle.

Mon fils a rompu avec X, hésite à sortir avec Y, me confie qu'il a même eu des avances de Z... un beau blond... Il s'ennuie ferme dans son boulot, alors il a inondé sa région de CV et de candidatures spontanées. Il sera en vacances fin avril, et compte bien venir nous voir, on lui manque. J'aime sa voix assurée quand il me téléphone. J'aime sa maturité toute neuve, ses décisions d'homme, ses problèmes d'adulte. J'aime aussi cette toute petite fêlure, dans le lointain, ce tremblement imperceptible.

Ma fille arrive, les larmes aux yeux, la gorge nouée, Maman, je suis tombée... Mon coeur bondit, il est 21h, son poignet rouge vif a doublé de volume, voiture, urgences, radio. C'est une fissure du radius. Dans la salle d'attente, elle plaisante, refuse d'entendre parler d'un éventuel plâtre, tape discrètement sur son portable qu'elle n'a pas voulu éteindre. J'ai envie de la serrer dans mes bras, je n'ose pas, je caresse furtivement son dos à travers le blouson épais.

Mon petit-fils est allongé près de moi, pour la sieste. Il joue avec mes cheveux blancs, pensivement, doucement. Il prend ma grosse tête frisée dans ses toutes petites mains, l'approche de son visage, incline son front sur le mien, soupire. Son sommeil est peuplé de sourires. J'ai tant à lui apprendre, tant à lui donner.

C'est pour ça, pour ces moments-là, que je reste là. C'est pour lui, que je résiste aux flots furieux. C'est pour eux, que je ne me laisse pas couler.
Pour l'instant. Je suis là...

5 commentaires:

lolodelanormadienuageusemaiskipleutpas a dit…

Comme le disait ce brave Mano, parti gueuler sur les anges il y a quelques semaines...Oui tu es là, et on est là aussi, si près , si loin...
Et d'abord tu n'as pas du tout une grosse tête...tu as le cheveu euh qui prend de la place? et ça donne une fausse impression :))))

Un poutou à ta blessée (pis à maxou aussi tiens hop et pis à toi, des semis remorques de bisous)

lorys03 a dit…

Bah si j'ai une grosse tête... surtout à côté de la sienne...
Si près, si loin. Ça me plaît, c'est tellement vrai ! Mais je n'arrive pas à me rapprocher.

Anonyme a dit…

Et puis un jour, peut être tu pourras..... tu oublieras le noir, le gris pour ne voir que du bleu, du soleil, de la chaleur et des rires. Ce jour-là, tu verras que ma main est toujours là, tendue à la fois envie de gifler mais aussi de caresser...... !

Grosse est ta tête remplie de brume et de nuages, Petite Grenouille Chérie...... Souffle pour les faire partir, souffle, souffle fort.... Ecoute, je souffle avec toi....... Ils partiront..... un jour..... surement..... parce que j'y crois !

lorys03 a dit…

Mais depuis quand t'as le droit de me faire pleurer dis ? J'peux pas souffler comme ça là, ça mouille mon clavier...
Un jour.
Mais vite !

Anonyme a dit…

Non, Pas vite.... Il faut prendre le temps pour être sur qu'ils ne reviendront pas. Moi aussi, mes yeux sont embrumés mais j'arrive à taper parce que dis toi bien que rien ne peut nous détruire, nous les enfants P.

Il nous a manqué le principal : l'amour vrai d'une mère et d'un père qui s'aiment. Nous leur avons survécu, Petite Grenouille, chacun à notre façon. Alors, même si on se casse la figure, même si on nous met plein d'obstacles, avançons, sautons et pied de nez la vie.

Prends le temps, prends ton temps. Souffle doucement, et puis plus fort si tu veux, et de nouveau, arrêtes-toi, et recommence..... Chuuuuuut ! Fermes-les yeux, là, je te serre fort contre moi. Entends mon coeur qui bat à l'unisson avec le tien. Respire !