Question : qui sait ce qu'est un médecin interniste ? A moins d'en avoir consulté un, difficile de savoir que c'est un spécialiste de la médecine interne.
Une sorte de Gil Grissom des maladies : il examine à la loupe tous les symptômes les plus éparpillés que vous pouvez lui apporter, et cherche le coupable.
Donc nous avons un corps, mal en point, et une question : qui a fait ça ?
Des examens du sang : carence martiale, formule inversée, VGM élevé et protéine C réactive, thrombocytose mais électrophorèse normale...
Des inflammations qui se baladent : foie, estomac, pancréas, disque lombaire, bouche, oeil...
Cheveux qui tombent, bouffées de chaleur, cycles irréguliers : aha, problème gynéco ?
Remontées acides, douleurs abdominales, selles décolorées : tiens tiens, atteinte du tube digestif ?
Mal au dos, phlébite, spasmes musculaires, fièvre, dépression... ah bah là, évidemment... euh...
Début janvier, premier rendez-vous, ça ne se passe pas très bien : je suis épuisée, angoissée, désemparée. Je ne sais pas répondre à ses questions, n'arrive pas à établir de liens, fonds en larmes toutes les trois minutes.
Il m'examine sommairement, ne parle presque pas, écrit quelques mots sur son bloc. Puis il termine la consultation par une ordonnance pour des examens de laboratoire - encore ?!
Deux jours après, je reçois par la Poste le double de la lettre qu'il a adressée à mon médecin. Je n'y comprends pas grand-chose, c'est une période où je ne suis pas vraiment présente au monde. J'ai l'impression de traverser le miroir en permanence, mais je ne retrouve pas le bon côté.
Le soir, mon toubib m'appelle et insiste sur les examens à faire. Il y rajoute une radio de la thyroïde, et parle d'une hospitalisation d'un jour ou deux pour "des investigations plus poussées". Fibroscopie, coloscopie, scanner, scintigraphie, biopsie, surveillance filée... Moi je vois défiler les euros que je n'ai pas.
Je cherche sur Internet : "maladie coeliaque, dysthyroïdie, anomalie de l'axe gonadotrope." Ce que je trouve est terrifiant, c'est un régime et un traitement à vie, et la liste des atteintes et symptômes est interminable. J'oscille entre le soulagement de mettre enfin un nom sur ma souffrance, et le désespoir du bouleversement total que cela implique.
Fin janvier, je me résous à reprendre rendez-vous : 27 février, 16h30. Mais je n'y vais pas : je me replie de plus en plus sur moi-même, mes seules dépenses d'énergie sont pour mes enfants, et il me faut plusieurs jours, ensuite, pour reconstituer mes réserves épuisées. Cette fois la dépression est tenace, le docteur augmente les doses de médicaments, fixe lui-même un nouveau rendez-vous avec l'interniste : 27 mars, 16h30. Ha ha.
J'y vais sans avoir fait les analyses demandées : si je ne suis pas diagnostiquée, peut-être que je ne suis pas malade ? Comme un enfant qui ferme les yeux pour se cacher, je ne veux pas de cette putain d'intolérance, ma thyroïde marche nickel, touche pas à mes ovaires...
Cinq minutes : il feuillette son dossier, toussote, prend son téléphone, se ravise. Silence.
L'enquête piétine, faute de témoins...
Je passe le samedi à tout briquer chez moi. Besoin de faire le vide, de jeter toutes ces vieilles peurs qui me paralysent. Puisque je dois changer de vie, allons-y, commençons par nous débarrasser de celle-ci !
Le mardi soir, mon fils fonçait droit dans un arbre.
1 commentaire:
Whooooooooo are youuuu .. whooo whooo .. whoooooooooooo whooo ...
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