Femme qui pleure - Picasso
J'ai ensuite passé un été 2007 relativement "tranquille" : sur le plan de la santé du moins, parce que sur le plan familial, ça a été TRES animé !
J'attaquais une formation d'une année pour obtenir le diplôme d'auxiliaire de puériculture. L'Éducation Nationale m'ayant refusé le congé-formation (et donc les sous sur le compte chaque fin de mois), on s'embarquait les enfants et moi dans une année de vaches maigres, où le moindre centime serait précieux. Les menus se sont vite restreints au grand bol de lait-céréales le matin, complété d'un oeuf/jambon/fromage pour tenir la journée. Le soir, énorme assiette de pâtes, souvent à la bolognaise.
Après trois mois de ce régime, je me suis réveillée un matin épuisée, au point de ne pas pouvoir sortir du lit sans malaise. Teint gris, nausées et surtout selles décolorées, hop, direction le toubib et le labo : sans doute une hépatite...
Non, les analyses ne partagent pas cet avis. On en refait ? Ah tiens, plus rien, c'est parti sans qu'on sache ce qui est arrivé. J'enrichis mon vocabulaire d'un nouveau terme : "épiphénomème". C'est quand votre médecin ne sait pas ce que vous avez eu, et surtout ce qui vous a guéri.
Donc, "épiphénomène, irritation hépatique, ce n'est rien, on surveille, atypique, dans votre dossier..." A côté des remontées acides, des douleurs musculaires, des petites fièvres du soir. Et d'une anémie chaque fois plus importante, malgré ces fichus cachets de fer que j'avale 3 fois par jour depuis six mois.
Fin décembre, je commence à grimacer chaque fois que je me relève : mal au bas du dos, comme une ceinture de feu parfois, j'en viens à redouter de m'asseoir pour ne pas avoir à me relever. Ça tombe bien, les stages ont commencé, et je passe des heures à arpenter les couloirs du service pédiatrique.
Début février la douleur devient ingérable, je retourne voir mon (cher) toubib : les radios décèlent une "discopathie dégénérative débutante". En clair : un de mes disques intervertébraux est en train de disparaître. Usure, inflammation, mauvaise posture, âge ? Pas grand chose à faire en tout cas, les médicaments et le repos ne me soulagent pas, je suis arrêtée pour trois semaines.
Mes cycles hormonaux en profitent pour se déchaîner, je passe du rire aux larmes en quelques secondes, et les bouffées de chaleur me coupent les jambes.
J'attaque le stage suivant, chez les enfants lourdement polyhandicapés, les dents serrées, le dos raide, la volonté verrouillée. Je ne dors plus que 3 ou 4 h par nuit, j'en veux énormément à mon médecin qui m'a balancé : "Bon, il y a quand même une grande part psychosomatique dans vos symptômes hein..."
Mais bien sûr. Tout ça c'est dans ma tête.
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