mardi 23 août 2011

Encore ??!?

Vi.
Et en plus, cette fois-ci elle l'a fait exprès.
Programmé.

Bon, plus sérieusement : ça y est, c'est fait, elle n'a plus cette excroissance osseuse au pied qui la gênait de plus en plus pour se chausser. Une olive d'1cm sur 1.5cm, premier diagnostic "os naviculaire surnuméraire", puis finalement à l'ouverture, une ossification importante où se rattachait le tendon, direction le labo pour en avoir le coeur net.

Je passe sur les derniers jours à l'ambiance électrique, où l'angoisse de la demoiselle faisait vibrer nos cordes un peu trop sensibles, un peu trop pudiques pour dire simplement : "J'ai peur moi aussi pour toi, je ne veux pas te voir souffrir..."

Hôpital au petit jour, avec la copine d'amour fidèle au poste, et puis l'attente, lente, agaçante, les minutes, et les heures, et le bruit énervant de ces mots inutiles, désoeuvrés, qui ne recouvrent pas tout à fait le vide et l'angoisse.
Elle revient, elle sourit, elle est dans les vaps : un énorme plâtre au bout du lit pour une si petite ouverture ? Elle peine à rapporter ce qu'a dit le toubib, tendons, précaution, accroché ... Je la vois toute chiffonnée, pâle sous son sourire de battante. "Tu as mal ? - Oui..." C'est dit.
La perfusion est toute pliée, pleine de sang, où est la couverture, replace l'oreiller, les boutons pour redresser le lit... A nouveau des mots pour remplir l'espace, en rangs bien serrés, utiles, efficaces, barrière dérisoire, rempart pitoyable. Le petit flacon de paracétamol ne décrispe pas sa mâchoire, serrée sur sa souffrance solitaire. Je ne peux rien faire.

Voici le chirurgien. Son crâne chauve d'espion russe s'est adouci de quelques millimètres de cheveux bruns, ras, doux, qui m'hypnotisent autant que ses explications patientes, rassurantes. C'était plus compliqué que prévu, car le tendon était fermement rattaché à cet os à extraire. Il espère ne pas l'avoir trop malmené, a placé "la botte" par sécurité, pour éviter tout mouvement trop précoce. L'os est parti au labo pour analyse, mais pas d'inquiétude, "je suis confiant." Il la tutoie, mime l'opération sur le crochet du mur, la taquine sur ses prochains matches de basket. Et s'en va.

Une accalmie dans les yeux sombres, elle se détend un peu, va bientôt manger, dormir... J'en profite pour m'enfuir. Des coups de téléphone, la CAF et la sous-préfecture, une poignée de chips, les yeux qui piquent. Il faut y retourner.
Il est 13h, la douleur remonte comme la marée, recouvrant peu à peu la conversation, noyant les regards. Deux cachets et le silence, pesant, en attendant que reflue la vague immense.
Il est 15h et le couloir s'anime, la chambre résonne de rires fatigués, "je veux rentrer..." et mon coeur se serre devant sa résolution d'oisillon déplumé.

Les couloirs sont franchis allègrement, je file chercher la voiture, elles m'attendent à l'entrée, juste avant le four de la verrière. Évidemment, elle fait un sérieux malaise, est incapable d'avancer. La chaleur est terrible, la voiture semble inaccessible, nos mains entrecroisées sous ses fesses pour la porter glissent peu à peu, le dernier mètre est un effort surhumain.
Enfin la maison, et son dernier obstacle : l'escalier. Franchi lui aussi, il aura raison de mes dernières forces. Je sens les larmes qui me montent aux yeux. Tu ne vas pas craquer maintenant, dis ?

C'était une sacrée journée.

2 commentaires:

lolodelanormandie a dit…

un prompt rétablissement à ta demoiselle ! j'espère que ça va...? et toi aussi bien sûr...

Anonyme a dit…

Et une épreuve de passée, une ! Vainqueur : les mêmes comme d'hab ! Bravo les filles !