dimanche 27 février 2011

Retourner au travail


La dernière fois, c'était en décembre 2008.
Un matin, je n'ai pas pu me lever et y aller. Tout simplement impossible.
J'avais passé une énième nuit sans fermer l'oeil, et là, d'un coup, en fixant les chiffres rouges du radio-réveil, je me suis dit : "Je ne peux pas."

Un premier arrêt-maladie de 10 jours, pour aller jusqu'aux vacances.
Un autre à la rentrée, le 5 janvier. Et puis tous les autres, qui s'enchaînaient, deux semaines, puis un mois, un autre, un autre. La chute, de plus en plus loin, de plus en plus vite.

L'Inspection a fini par envoyer un autre toubib m'examiner, en mai. J'étais recroquevillée derrière mes volets fermés, regardant les minutes saigner sur mon radio-réveil. L'assistante sociale a forcé le barrage, en juin, elle a lancé l'opération Congé Longue Durée. Et les consultations psy à ne pas manquer.

J'ai perdu le fil du temps à la première rentrée que je n'ai pas faite. Concentrée sur mon petit-fils qui grandissait, en m'éclaboussant de ses rires. Les chiffres rouges rythmaient ses journées. J'attendais de ne plus suffoquer à chaque respiration.

Un autre compte à rebours s'est déclenché : claquer la porte, enfin, tourner les talons, dire non. Encore des jours et des jours qui passent, des semaines, des mois. Une nouvelle rentrée, puis une nouvelle année, presque dans la foulée.

J'ai reçu la première moitié de mon indemnité : je n'ai plus de dettes, plus de découvert, plus rien ou presque à rembourser. Mais je n'ai plus non plus de revenus. Le reste de mon indemnité ? Pas avant fin mai.

Mon radio-réveil, fidèle, me fixe de ses petits yeux rouges. Il va falloir y aller...

3 commentaires:

lolodelanormandie a dit…

Et ça va le faire ma p'tite dame ! Faut bien manger en attendant le Goncourt ;)
Je t'envoie mes semi-remorques de gros bras avec le gras qui pendouille mais pleins d'amour pour te poupouner bien fort

Madame Nicole a dit…

plus de dette
c'est déjà un poids énorme
en moins
tu vas voir
le reste va s'enchaîner positivement

lorys03 a dit…

A 15 ans, j'adorais cette phrase :
"Tout le monde a un jour, plus ou moins triste, plus ou moins lointain, où il faut accepter de devenir un homme."
A 45 ans, je sais désormais que ce jour-là se présente plusieurs fois dans une seule et même vie.