mardi 11 août 2009

Cette année je paie mes impôts

Et voilà, à nouveau je pleure sans pouvoir m'arrêter.
Je vous préviens, ce billet est un tsunami, mes larmes coulent (presque) sans s'arrêter depuis maintenant une petite heure, et je n'ai aucun moyen de les arrêter, n'arrivant pas à remettre la main sur ces fichus cachets à prendre en cas de crise monstrueuse... comme ce soir.
Du coup j'écris, à chaud. Peut-être pas une bonne idée, mais par le passé ça m'a toujours aidé à prendre du recul.

Petit retour en arrière : j'arrive de Montpellier, où j'ai passé les dernières 48H, à l'improviste. Des amis de la région parisienne, pas revus depuis dix ans, en vacances à la Grande-Motte... On décide de manger ensemble le lundi midi, de passer l'après-midi à la plage.
Comme il faut aussi s'occuper de toute la paperasse du prochain déménagement des filles, je vais venir tôt le matin.
En fait je suis arrivée à 10h et demie bien tapées, et Mister Monster était en pleine crise de poussage-de-dents (ça y est, les deux d'en haut sont sorties, et deux nouvelles en bas : on arrive à 6 en tout) donc on est allé directement au repas sans passer par la case administration.
Hier retour de la plage après 20h, grosse flemme, pas envie de faire l'aller-retour juste parce que mon beau-fils "ne veut pas me voir". Donc je prolonge, et nous allons en ville cet après-midi.

Je détaille un peu, pour expliquer mon état d'esprit sur la route du retour, plutôt sombre. Les Assedic refusent à ma fille l'aide promise à l'inscription, il lui faut donc verser de sa poche mille euros. Et ses droits s'arrêteront en novembre, alors que là encore, il lui avait été dit qu'ils seraient maintenus toute l'année de formation.
Pour couronner le tout, l'agence ne semble pas très chaude pour négocier un préavis écourté, malgré les améliorations apportées à la location (radiateurs neufs, cuisine posée, cabine de douche, et tous les papiers peints refaits)
Je rumine donc tout ça en arrivant chez moi, en prenant le courrier.
Une amende majorée pour mon fils, bravo, 300 euros !
Une lettre de la proprio, me demandant de passer ab-so-lu-ment demain pour payer les deux loyers, alors que je lui ai dit qu'on attendait des remboursements divers, 975 euros, super !
Une lettre de la banque se félicitant d'accueillir mon fils comme nouveau client : je ricane, attends, ils vont vite regretter, tiens !
Des pubs.
Et l'enveloppe en plastique bleu moche, Centre des Impôts, l'avis d'imposition ? Nan, c'est beaucoup trop tôt...

Petit interlude : j'ai de gros problèmes avec mes déclarations de revenus, chaque année c'est la croix et la bannière pour déposer en temps et en heure, en 19 ans de revenus imposables ça a dû m'arriver... euh.... allez, 4 ou 5 fois.
La dernière fois, en 2005 (oui je m'en souviens très précisément !) ils en ont profité pour m'imposer ! Par erreur bien sûr, mais le temps de poser réclamation et tout et tout, ben faut payer... et 3.000 euros, ça fait mal... Ils ont viré mes créanciers sur la saisie automatique, et se sont servis 6 mois de suite. Tiens d'ailleurs faut que je regarde où ça en est ce bintz, parce que j'ai pas encore revu mes sous moi...
Sinon, chaque année, je suis non-imposable, 3 parts et demie en tant que divorcée élevant seule ses gamins. Et ce n'est pas la pension alimentaire fantôme qui va relever le plafond, hum. D'où mon peu d'empressement à remplir mes obligations administratives.
Ces dernières années, petit bonus, comme un coup de règle sur les doigts : la prime pour l'emploi, qui a sauté systématiquement : "Vous êtes une vilaine madame, ça vous apprendra à déclarer en septembre ! non mais !"

Fin de l'intermède.
Cette année, j'ai déposé ma déclaration - oh miracle - à l'heure. Contrainte et forcée par le fiston, que j'ai rattaché à cause de sa majorité toute fraîche. Comme sa soeur aînée.
Il est donc fort possible, étant donné que c'est la première fois après tout je n'ai pas de repères, que ce moche courrier bleu soit mon avis d'imposition.
J'ouvre.
"Montant de votre impôt : 0 euro"
Bon.
Comme disait l'autre, jusque-là, tout va bien.
"Somme à rembourser : 2.596 euros"
Oh.
Là ça se gâte. Ça se brouille même, à la relecture.
Je tourne la feuille.
Des tas de lignes.
Des chiffres.
Partout.

C'est d'accord : tu peux commencer à pleurer ma chérie, ce soir c'est ton soir.
Encore 2.600 euros d'impôts "par erreur"...
Dans la rue, les hauts-parleurs s'entraînent pour la féria qui commence demain. La musique gueule son trop-plein et mon crâne explose en rythme.
Je relis, désespérement, j'essaie de comprendre.
Revenus, décote, réduction, imputation, crédit RCM, prime pour l'emploi, majoration, total, et puis d'un coup, des lettres majuscules, là, en bas : "compte tenu des éléments que vous avez déclarés, le montant qui vous sera remboursé est de (voir verso)"

Je n'ose pas comprendre.
Ils vont me rembourser.
ILS VONT ME REMBOURSER.
Je ne dois pas payer, C'EST EUX, ILS VONT ME REMBOURSER !!

J'empoigne le téléphone, j'appelle ma fille, en larmes je n'arrive pas trop à m'expliquer, elle a si peur qu'elle croit d'abord à un accident sur la route du retour.
J'essaie de joindre mon fils, répondeur, je ne peux pas parler, mon message c'est nawak, j'ai l'estomac qui commence à remonter.
Je sens la crise de panique qui monte, j'étouffe doucement, où sont mes cachets, mais OU SONT MES CACHETS BORDEL ?
Je me rue sur mon téléphone, je suis toute seule, je n'y vois plus, assise par terre je sanglote sur le combiné que j'agrippe à deux mains, bon sang, ils vont me rembourser deux mille six cents euros....
Je compose le numéro de ma meilleure amie, là-bas à Paris elle décroche, je l'entends loin, je veux me raccrocher à sa voix, elle s'échappe, comme mes mots, ma voix qui s'étrangle, je n'y arrive pas, je ne peux plus respirer, elle crie de si loin : " C'est toi ? Ellen ?? C'est bien toi ???"

Je mettrai cinq bonnes minutes à retrouver un semblant de cohérence, je lui explique tant bien que mal, elle tient bon, respire à fond avec moi, "putain Ellen les impôts ? 2.600 euros ? mais où tu vas les trouver ? ils vont te les donner ? Elleeeeen je comprends rien !"

Un quart d'heure après quand je raccroche je pleure un peu moins. Je n'arrive pas vraiment à reprendre pied. Mais je rappelle quand même ma fille, qui plaisante avec moi : " Non mais faut pas que tu gagnes au Loto toi en fait, tu vas avoir une crise cardiaque !"
Je ris, je pleure en même temps. C'est décidé, pour m'annoncer les miyons et les miyons de la Super-Cagnotte, il va falloir y aller par étapes : d'abord me dire que j'ai gagné 10.000 euros. Je prendrai un cachet, un verre de rhum. Ensuite, me dire que j'ai gagné 10.000 de plus. Cachet, verre. Et ainsi de suite. Je ne mourrai pas d'une crise cardiaque, mais d'une bonne cirrhose.

Je raccroche, un peu calmée. Mon fils me rappelle, je l'entends mal, et je me remets à pleurer !
Sur MSN, ma deuxième fille, pas au courant. En lui racontant, re : un tsunami, mes épaules tremblent, mon clavier flotte sur mon oreiller trempé.
Ça fait deux heures maintenant que j'ai ouvert cette merveilleuse enveloppe d'un bleu magnifique, profond comme l'océan... J'ai dû m'interrompre plusieurs fois pour me moucher, et m'éloigner du clavier sous peine de le noyer. Dehors les essais de musique se sont arrêtés, sur un dernier tube vraiment approprié : "I've got you babe"...

Mais..
Dis-moi...
Qu'est-ce que ça va être quand je toucherai tous les sous que j'ai encore dehors ? Je me jette par la fenêtre ??
Misère.

1 commentaire:

Tata Tata Tatttttys a dit…

Mouhahaha la blague. Je comprends mieux, parfois, pourquoi ils voulaient t'interner hein ! Elle est folle ma mère. Folle, folle, folle.

Alors, je te donne ma wish list de suite ?
- Ipod
- Le fameux sac
- Le Bourriquet géant, et le moyen aussi, hein
- L'écran plat, voire le nouvel ordi
- L'appareil photo énorme du monsieur au tee shirt orange dans le tram
- Mon poids en litres d'Ice-Tea

Bon okay je plaisante ( pas tant que ça en fait ! )

Moi j'te le dis mon amie, le film La fête des pères, je l'aime !

Attends que sa fête arrive au mien ... MOUHAHAHAHAAAAAA

L'île Mustique est à nous !