samedi 18 septembre 2010

Un train peut en cacher un autre

Je n'ai pas de réponse pour mon manuscrit, je ne sais même pas s'il a été lu, si même on a ouvert son enveloppe, et je me lance pourtant déjà dans le Projet Numéro 2... PN2, de son petit nom.

C'est un livre illustré, sur mon année de formation d'Auxiliaire de Puériculture.
Je participais à l'époque à un forum de discussion avec d'autres élèves, et quand j'y racontais mes aventures, à l'école ou en stage, beaucoup me disaient : "Hey, on s'y croirait ! Quand tu écriras un bouquin, je l'achèterai !"
Je voudrais mettre en forme mes participations à ce forum, mes notes restées perso, et mes souvenirs de cette période riche et mouvementée.
Je voudrais aussi que ma fille prenne des photos de mes différents lieux de stage (crèche, maternité, centre pour enfants handicapés,...) pour l'illustrer, et en faire , comme on dit, "un beau livre", vendu surtout en période de fêtes de fin d'année.
D'où l'urgence de réécrire tout ça, et de le présenter au plus vite à un éditeur spécialisé. J'ai lu dans le Midi Libre, il y a quelques temps, une interview d'un éditeur local, qui cherchait du sang neuf.
Qui ne tente rien n'a rien...

En attendant, un petit extrait de ce que j'ai récupéré sur le forum.

Premier jour de stage en maternité. Je suis dans la salle d'opération, où j'ai assisté à une césarienne pour la première fois.

[...]Finalement ça y est, l'AP s'avance et récupère le bébé, vite vite un petit bisou à maman, vite vite elle sort, suivie du pédiatre (tiens il était là lui aussi ? c'est surpeuplé une salle d'op...) en me lançant "reste là, tu regardes la fin"

J'aurais pas dû....... j'aurais dû partir… m'enfuir... courir... loin... C'est horrible "la fin"..... les doigts qui fouillent dedans... l'utérus posé sur le ventre... la peau retroussé comme un simple tee-shirt... les bords de chaque entaille que le médecin va chercher loin, loin dedans, qu'il rapproche, qu'il recoud à grands points noirs... l'aspiration qui aspire, le sang qui saigne, la chair qui brûle et les appareils qui bippent, ouh la la, des bruits, des odeurs, le masque qui m'empêche de respirer à fond, au secours, je vais tomber !
L'anesthésiste s'en va mais quoi, tu vas où, tu as le droit de partir toi ?? et passant près de moi me dit : "Comment vas-tu ? alors ça y est, tu as lâché l'école ?" Elle enlève son masque, me claque la bise, me sourit... Ah ça y est, oui, c'est une ancienne parent d'élève, j'ai eu sa fille en CP, et nous voilà à taper la discut dans la salle d'op, c'est surréaliste, je reprends mes esprits, merci, merci !
Dernière couture, je repars dans les couloirs : mais oui, comment savez-vous que je m'y suis perdue ?? Arrivée au bloc, l'AP m'entraîne dans une salle, "elle va pousser la dame, ça y est" et c'est reparti, effectivement elle pousse la dame !

Beeeeeuuurk ! Beurk beurk beurk ! J'ai beau savoir que je suis faite pareille, que j'ai moi aussi quelque part entre mes jambes cette drôle de porte avec tous ces volets et rideaux de chair et de poils, beeeeeeeeuuuuurk ! me revoilà au bord de la nausée.. Des deux côtés sage-femme et auxiliaire appuient sur les cuisses, une 2e sage-femme relève le dos, la gynéco juste devant fouine, fouille, enfonce, agrippe je ne sais quoi, tout le monde parle, crie, donne des ordres, le monitoring fracasse les oreilles de son rythme de dingue et cette pauvre maman au milieu va éclater si elle continue à retenir sa respiration comme ça !
"Allez on souffle un peu..."
Mffffffff, moi aussi je reprends mon souffle, et tout le monde s'éloigne du lit, plus de tension, on attend, on sourit, on caresse....
Que c'est bizarre... l'aiguille reprend sa course à la grimpette, ça y est, on repart, la tension monte encore, la même excitation reprend, les cris, non on n'y arrivera pas, la ventouse, allez on pousse Mme Machin, la gynéco s'escrime, elle s'arc-boute contre la table, on dirait qu'elle va rentrer dans ce vagin énorme et distendu pour aller chercher ce bébé à bras-le-corps !!
J'ai le souffle coupé, j'attends la fin du combat, qui va gagner, je ne comprends pas ce qui sort : des cheveux ? la poche des eaux ? le front ? la maman semble se vider de ses organes, et tout à coup apparaît une vraie tête, un visage, des cheveux...tout bleus... et un flot incroyable de liquide, qui asperge la gynéco, elle a à peine le temps de reculer, il y en a des litres et des litres, et le corps du bb glisse comme un poisson dans toute cette eau qui jaillit, c'est trop beau, j'ai les larmes aux yeux. Elle l'attrape et le couche sur la mère, snif, que je suis bête, mais que je suis nigaude, je souris, c'est trop chouette !

Il est 16h, je viens d'assister à deux naissances coup sur coup, waouh, rassurez-moi, ce sera ça pendant tout le stage ?? Parce que là, euh, pardon, mais voilà quoi, gloup, faut me laisser me remettre....

Ben non, pas le temps, parce que bb ne respire pas, l'AP l'enfouit dans un drap, pas de bisou maman désolé, le pédiatre suit au pas de course (tiens il était encore là ??) et sur la table dans la salle à côté, voilà un petit tout bleu, tout mou, oh non s'il te plaît bébé pas le premier jour, respire, respire bon sang ! aspiration, claque sur les cuisses, sur les fesses, re-aspi, tousse, gémit, crache, grimace, pleure, ouiii, pleure de plus en plus fort, la peau rosit, oh la la, c'est magnifique, on voit vraiment la vie envahir ce corps centimètre par centimètre !
Un petit coup de masque à oxygène, voilà le papa, tout ému, guidé par les cris de son bébé, tout va bien, tout va bien, ouf ! [...]

Je réponds à un message, suite à ce récit.

[...]Coucou Finette ! Ça te fait rire l'anesthésiste masquée qui se jette sur moi ? Alors celle-là va te faire défaillir !
3e jour au bloc, j'arrive, fais poliment la queue au lavabo pour me laver les mains : l'AP est en train de rincer les siennes. Je me présente, "je suis l'élève stagiaire AP, de 12 à 19h ici au bloc.."
Elle lâche un bonjour, me jette un coup d'oeil, regarde ses mains. Puis dit sourdement
"Je vous connais.
- Ah ?....... (moi j'attends , j'attends toujours très prudemment... j'ai fait des trucs pas tous recommandables dans ma vie... hum..)
- Oui.
-........ (ben ouais, j'attends encore...)
- Vous étiez la maîtresse de ma fille.
- Ah ?......... (bon là je suis confuse, j'ai beau la dévisager intensément, impossible de me souvenir......)
- ......... (flûte, maintenant c'est elle qui attend ! )

Kes je fais, kes je fais, kes je dis ???????

- C'était dans quelle école ?
- A Jacques Prévert.
- Ah..... (punaise mais elle a pas fini de se rincer les mains, ça devient insoutenable cette eau qui coule, j'ai envie de faire pipi..ou de pleurer, chais plus trop..)

Booooooooooon........... va falloir le dire...... abominable........... je vais bosser toute la journée avec elle et je ne la RECONNAIS PAS ! Après UN an (ou peut-être plus, oh bon sang !) à lui parler de sa fille !!!

- Euh... (toute pitite pitite voix) je ne me souviens pas....
- Truc Machinchose..
- Aaah... aaaah oui ...... (lamentable... je suis lamentable.....) oui oui oui, bien sûr, CP, en 2000..... oui. Et comment va Truc ?

S'ensuit un moment terrible de solitude : elle ne me répond pas ! ELLE NE ME REPOND PAS !!!! Elle coupe l'eau, s'essuie les mains, me tourne le dos pour jeter les papiers à la poubelle. C'est long. C'est loooong. Je vais mourir. Je vais m'enfuir. Je vais pleurer. Je vais...
- Elle va bien. (silence) Elle est en 4e. (hein ?? j'y crois pas.. déjà ?) Elle parle encore de vous.

Ça c'est pas sympa, de retourner le couteau dans la plaie, moi je l'ai oubliée, non à vrai dire j'ai oublié la mère... Bon, on peut passer à autre chose ? S'il vous plaît ? Hein ?

Heureusement, vers 17h (oui, cinq longues heures après) elle me tutoie enfin et me considère comme la stagiaire que j'essaie désespérément de redevenir à ses yeux depuis qu'on s'est télescopé au lavabo.

Je crois que j'aurais préféré une autre bise de l'anesthésiste.....[...]

Voilà, c'est mon deuxième projet, et j'en ai un troisième qui dort dans mon vieil ordi, au disque dur débranché depuis 4 ans. Un roman, un vrai pavé, un truc pour lequel j'ai été obligée de construire un arbre de choix, parce que même moi je ne m'y reconnaissais pas.
Mais j'attends d'avoir fini PN2, pour m'y remettre.
Peut-être que mes revenus d'écrivain me permettront de démissionner enfin, sans prise de tête sur l'air de "Mais de quoi vas-tu vivre, enfin ?"

7 commentaires:

Anonyme a dit…

j'achète tout de suite !!!!!
Bisous, nonole

lorys03 a dit…

Merci !
Avec les photos de Fifille, tu verras, tu te fais un magnifique cadeau !

lolodelanormandie a dit…

aaaaaah le roman !!! t'as intérêt à le sortir quand ton éditeur te le réclamera :)))
gros bisous ensoleillés (hé ouaiiiiiiiiiiiis)

lorys03 a dit…

Vi lolo, je pense que je dois l'avancer un max en attendant que le premier soit accepté.
En parlant du premier, tu ne l'as pas reçu ? J'aurais bien voulu que tu l'aies pour le WE, snif.

lolodelanormandie a dit…

non toujours rien...mais une lettre du périgord a mis une semaine à atterrir la semaine dernière .....pas de panique pour l'instant :))) (et j'engueulerai mon facteur dès que je le croise)

lolodelanormandie a dit…

ayééééééé je l'ai et je l'ai dévoré :))) je te donne un avis plus détaillé par mail si tu veux, je vais le relire d'abord :)

lorys03 a dit…

Oh oui oui je veux bien !!
Pas de smiley qui saute ici, mais l'intention y est !
Le relire ? Déjà ?
Rhalalah, j'ai du mal à imaginer mes lecteurs... C'est très étrange...