dimanche 11 juillet 2010

Scotchée

Ça faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé : ne pas lâcher un livre tant que je ne l'ai pas fini...
Cette semaine, on a traîné à France Loisirs sans trop savoir quoi prendre, rien de bien tentant. On se décide finalement pour L'impossible pardon (mon fils saura pourquoi), de R. S Meyers. J'attends ce matin pour l'ouvrir : le p'tit bonhomme n'est pas là, il est 7h40 et je n'arrive pas à me rendormir.
Ouch! C'est une claque dans la figure, et comme dit Stromae "quand tu crois qu'y en a plus y en a encore !"
Pas facile à résumer, l'histoire est racontée alternativement par deux soeurs, après le meurtre de leur mère par leur père ivre. Au passage, il a blessé grièvement la plus jeune. Au fil des années, on assiste au lent travail de sape de la culpabilité et du remords, sans issue envisageable.
Finement analysés et partagés, des états d'âme sans concession ; un regard féroce sur l'Autre ; un cri déchirant, permanent, qui hurle en silence tout au long des 446 pages : comment se construire sur l'absence ?
Comme d'hab, je vous mets mes extraits préférés.

"Quand maman m'a demandé de lui sauver la vie, je n'ai pas du tout été surprise. Dès ma première semaine à la maternelle, javais compris qu'elle n'était pas le genre de mère à porter des colliers de nouilles. En gros, maman me considérait comme une servante miniature.
Passe-moi un Pepsi, Lulu.
Sors le lait pour les céréales de ta soeur.
Va au magasin m'acheter un paquet de Winston.
Et puis un jour elle est montée d'un cran.
Ne laisse pas entrer papa dans l'appartement.[...]

Même avant son départ, papa n'était pas d'une très grande aide. Il avait ses propres problèmes. Mon père voulait des choses qu'il ne pouvait pas obtenir, et, par-dessus tout, il désirait ma mère. [...]

Jamais je ne m'étais doutée que les filles prendraient possession de moi à ce point, ni que la moindre de leurs chutes me laisserait des bosses.[...]

Essayer de garder des souvenirs de maman revenait à vouloir attraper la pluie."

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