lundi 12 juillet 2010

Laisse-moi partir

Sculpture de Frère François Martin

Cette nuit, je prends la route.
Ça fait des semaines que j'en rêve, et puis chaque fois j'ai une bonne raison de rester, encore.
Sophie va accoucher. Elle m'attend chez sa mère, pour que je la ramène chez elle, et qu'elle puisse mettre au monde sa petite fille, tranquillement, sans pression.
Je dois aller la voir depuis le mois d'avril, déjà.
Cette nuit, c'est le départ.
Mon sac n'est pas fait, bien sûr, mais le réservoir est plein de gazole, les niveaux ont été refaits, je suis passée à la banque retirer de quoi payer les péages. J'ai même acheté un kit triangle-gilet de sécurité. Et j'ai fait la sieste.
Les filles ont fait le plein au supermarché, et j'ai dit au revoir au p'tit bonhomme en le couchant ce soir : je ne le revois pas avant le 24 juillet.
Cette nuit, c'est l'autoroute sombre, les silhouettes de camion dans les phares, les vitres grandes ouvertes sur le vent caressant. Ce sont les chiffres du compteur qui défilent, les panneaux qui s'enchaînent, les lignes blanches qui me chantent leur chanson sans fin.
Mes idées s'imbriqueront les unes dans les autres, sans faille, sans trou noir, elles illumineront ma route, et j'avancerai comme libérée, au coeur d'un labyrinthe familier, dont les murs caresseront chacun de mes pas.
Cette nuit, je pars.

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