dimanche 16 mai 2010

C'est dans la boîte

Mardi, 16h30, rendez-vous chez la psy.
Elle avait une heure de retard, que j'ai passée en évitant soigneusement de regarder la patiente précédente qui pleurait silencieusement dans son mouchoir, puis le stéréotype du malade mental qui porte sur son visage déformé toute la misère humaine (pour lui c'était plus difficile de l'ignorer, il ne tenait pas en place, et poussait régulièrement des sortes de grognements, dont deux m'étaient adressés, brrr)
Quand enfin elle m'a tendu la main, je m'y suis accrochée comme à une bouée. Fatale erreur : disons qu'elle avait décidé de m'apprendre à nager. Justement ce jour-là.
La veille, j'avais réussi à dire à l'Inspectrice que je n'arrivais pas à prendre une décision, et qu'en conséquence, je demandais une prolongation de 3 mois de mon congé. Ce rendez-vous chez la psy visait seulement à lui faire remplir un nouveau certificat : je ne voulais surtout pas qu'elle me gratte là où j'avais mal, qu'elle soulève les pans soigneusement rabattus pour ne plus y penser.
Raté.
Pour une fois, pendant 40 minutes, c'est elle qui a parlé. Je me faisais l'effet d'être un sac de sable, où venaient s'écraser chacune de ses phrases, chacun de ses mots plus violents les uns que les autres. Sans réaction, je me balançais pour mieux offrir le flanc à ce tabassage ininterrompu, cet afflux de vérités et de questions que je ne voulais pas affronter.
Je suis rentrée sonnée. Muette. K.O debout. Ça a duré plusieurs jours, que j'ai passés à m'énerver sur mon ordi, puis à dévorer des tas de bouquins, entre deux siestes. Et puis j'ai commencé à y repenser, doucement, tranquillement. Étonnée de tant de transparence, moi qui croyais qu'elle ne pouvait pas y comprendre grand chose, au rythme de mes éclipses.
"Vous bâtissez d'immenses projets, de plus en plus grands, de plus en plus ahurissants, mais ça reste une fuite en avant, des cartons creux que vous empilez les uns au-dessus des autres, comme des poupées russes. Mais qu'y a-t-il au juste dedans ? "
Et puis aussi :
"Posez-vous la bonne question, la vraie question : qu'est-ce que je sais faire, qu'est-ce que je peux faire, là, maintenant, avec moi seulement, et qui ne me coûtera rien, ou si peu ? Aucune chance de vous réfugier derrière les autres, ou de soupirer après le manque d'argent, pour affronter enfin ce qui vous paralyse. Ensuite, seulement, nous pourrons envisager votre avenir."
Mon avenir.
A venir.

2 commentaires:

Madame Nicole a dit…

c'est pas normal que la psy ait une heure de retard
et c'est pas normal que vous soyez deux dans la salle d'attente ...

lorys03 a dit…

Oui, je sais. Je déteste aussi.
C'est pour ça que je préfère le rendez-vous de 7h30, même si ça me coûte de me lever.
Mais là, c'était presque une urgence, le "vrai" rendez-vous était dix jours plus tard. Donc j'ai dû accepter le 17h30.