jeudi 4 avril 2013

Descendants


Grandir avec une mère bipolaire.
Intégrer ses valeurs.
Subir ses humeurs.
S'en sortir.
Essayer.

Je suis bordélique.
J'accumule un nombre invraisemblable de trucs parfaitement inutiles, les pièces où je vis sont envahies, sans vie, inaccessibles. J'entasse en répétant : "Faut que je trie, pour jeter..."

Je suis maniaque.
Je relave la vaisselle quand je ne l'ai pas faite, je range, organise, nettoie, vide, au centimètre près rien ne doit dépasser. Chez les autres. Les fourchettes ont toutes les dents vers le bas, dans le tiroir, et la tête dans le même sens : sinon je crise. Je déteste qu'on utilise mes affaires.

Je suis patiente, au-delà du raisonnable : j'encaisse beaucoup, longtemps, tout le temps. Les bizarreries des gens qui m'entourent, leurs différences, leurs humeurs diverses, j'observe, je note, je m'adapte. Je pense avoir acquis, à la longue, une forme de bienveillance que j'applique sans réfléchir : "on verra".

Je suis psychorigide, au-delà du raisonnable. Les gens qui ne rentrent pas dans mon système de valeurs, ceux qui s'imaginent pouvoir faire comme ils le veulent, sans suivre, sans entendre mes conseils et/ou mes ordres, ceux qui, c'est évident, n'y arriveront jamais... Où ? Là où moi je vais...
Ceux-là sont condamnés, sans appel. Désormais, quoi qu'ils fassent, ils sont catalogués "non". Et rangés dans la case "laisse tomber". 

Dans le dictionnaire, apparaît ma photo aux mots dilettante, velléitaire, procrastination. Mais additionnez les trois définitions, vous obtenez rien

Je me fous complètement du regard des autres. Ma tenue vestimentaire quotidienne est proche de celle du sdf de base, qui porte sur son dos l'intégralité de son dressing. Disons que je fais l'effort d'en changer tous les quinze jours. Ou trois semaines. J'essaie de me brosser les cheveux, au moins le matin. Autant dire que je n'y pense pratiquement jamais. Comme je m'en fous...

Je suis terriblement vulnérable à l'opinion que les autres peuvent avoir de moi. S'ils m'en parlent, s'ils essaient de m'en parler, je brandis mon misérable bouclier en carton mouillé, juste avant de m'enfuir pour souffrir dans mon coin. Rien ne passe : ni les critiques, ni les compliments. Je ne me reconnais pas dans celle que les autres voient. Jamais.

Je suis heureuse de ce que sont devenus mes enfants. Fière de leurs réussites. Paniquée par leurs choix. Et très souvent, furieuse, face à leurs personnalités, qui me heurtent, m'affrontent, me défient. Me lient.
C'est grâce à eux que je suis encore là.
C'est à cause d'eux que je suis toujours là.

Mais ils ont grandi avec moi.

3 commentaires:

lolodelanormandie a dit…

Tu les portes, et ils te portent...Nous nous portons mutuellement (oui, faut m'excuser, Tuana est sur le présent des verbes du premier groupe, mais elle, c'est chanter son exemple :))))
Kessetudis?
Tais toi et continue de porter en chantant !

MTSA a dit…

Voilà, tout est dit, résumé.... C'est exactement décrit (et ce que j'ai ressenti lors de mon passage).... !

Tu as PARFAITEMENT le droit d'être ce que tu as envie d'être.... En revanche quand ce "être" va mal.... prends les mains qui se tendent vers toi, celles qui ne posent pas de question mais qui sont là pour toi, pour t'aider, t'accompagner...

Tu écris "te foutre complètement du regard des autres" et.... quelques lignes plus bas....."je suis terriblement vulnérable à l'opinion que les autres peuvent avoir de moi"..... Toi-même tu sais (comme on dit aux Antilles !)

Il existe des solutions pour que les cm deviennent des m, pour que les fourchettes se retrouvent la tête à l'envers et que la tienne redevienne doucement, tranquillement à l'endroit....

C'est pas facile, c'est long.... cela demande une énergie certaine et même si tout n'est pas d'équerre, qu'importe, chaque petit changement sera une grande victoire...

Tu n'es pas seule, tu n'as jamais été seule.... Demande et nous sommes là ; viens et on trouvera..... Et accepte aussi que les autres pensent différemment et ne "t'obéissent" pas forcément au doigt et à l'oeil surtout lorsqu'ils sont adultes et qu'ils ont eux aussi un vécu !

Toi seule décide, toi seule est maître à bord de ton bateau.... Ne le laisse pas sombrer, je t'en prie ! C'est Madame Ta Soeur Aînée qui te le demande !

Quant à tes enfants, ce sont de merveilleux petits bijoux et tu peux en être fière, très fière... Tu le sais... C'est une de tes plus belles réussites et tu ne la dois qu'à TOI SEULE !

Je t'aime, soeurette, immensément profondément et je ne suis pas la seule !

Pimj a dit…

Ne bloque pas le chemin, certains pourraient vouloir passer...


(je viens du site du Coline qui repart sur le chemin de St Jacques, et c'est la phrase qui m'est venu à l'esprit quand j'ai re(rere)vu cette photo...

Le chemin... de ton coeur
Le chemin... vers l'autre, ou de l'autre prêt à faire un pas vers toi
Le chemin... qui permet d'avancer, en regardant devant)

Une grande journée de soleil, presque l'été, aujourd'hui, rien de tel pour remettre le moral au beau fixe, j'espère que tu en as profité avec les gens que tu aimes !