C'est une partie de cache-cache interminable.
Ne pas répondre au téléphone, plus aucun organisme ne me croit quand je réponds que je ne vais pas tarder à toucher mon rappel.
Ne plus ramasser le courrier que tous les 3 ou 4 jours, il n'y a que des enveloppes administratives qui menacent de coupures, poursuites, suppressions, et autres joies infinies.
Rapporter chaque jour les barquettes de la crèche, payer le lait avec des pièces rouges, ne plus faire qu'un repas par jour, éprouver un bonheur véritable quand le siège de la voiture "rend" une pièce de 50 centimes.
Bondir dès qu'une camionnette stoppe dans la rue, je ne supporterai pas d'attendre "la fin du mois" sans électricité ni eau, non, je ne le supporterai pas.
Passer des heures dans le bus, ou à l'arrêt, et rentrer épuisée de ces journées à rallonge, le faux sourire collé aux lèvres, parce que chaque jour, CHAQUE JOUR, les collègues demandent : "Et alors, ça s'est arrangé tes problèmes ?" et qu'il n'est pas question de laisser déborder les larmes qui menacent, chaque fois que je réponds : "Ben non..."
Sourire encore lorsque les mêmes collègues tiennent pour acquis mon bonheur d'être parmi elles, et ma reconnaissance éternelle d'être prolongée de 3 jours, encore, "et tu as postulé pour la saison hein !?", mais oui bien sûr, mon ambition ultime a toujours été de passer mes journées à changer des couches sales.
Calculer indéfiniment la destination de chaque centime qui roulera bientôt (bientôt ?) de mon compte vers les griffes crochues de chacun de ces créanciers à l'affût, et pleurer de rage en constatant qu'il en manque encore, encore...
Nous sommes le 25 février.
Je n'ai qu'une question : est-ce que je recevrai mon rappel ?
5 commentaires:
oui
tu vas le toucher
bien sûr
pourquoi tu ne vas pas aux restau du cœur ?
il n'y a pas de honte
oui, il arrive bordel ! et y va y aller au pas de course, je vais descendre le chercher sinon !!! tiens le coup hein, je sais que c'est plus possible mais RAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA ces connards qui te bouffent la vie tiens encore un RAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA
Oui,
RAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA
c'est exactement ça, quand j'éprouve quelque chose : comme une étincelle qui flambe d'un coup, un feu follet, et puis à nouveau ce froid polaire, ce vide blanc, immense, l'attente. La peur.
Je n'ai pas honte. Pour l'instant, on mange à notre faim, entre les restes de la crèche et les petits sous récupérés par-ci par-là. Mais je n'ai plus faim.
Ma soeur m'a donné un chèque le mois dernier, tu m'as envoyé un mandat il y a 2 semaines, et quelques personnes précieuses m'ont proposé de m'aider, au cas où.
Ma vraie peur, ma terreur plutôt, c'est d'avoir, à nouveau, "un problème pour votre dossier", parce que là, vraiment, je n'y arriverai pas.
Je ne peux pas simplement remonter la couette et attendre dans le noir et le silence que ça passe. Alors la peur me paralyse, anesthésie mes sentiments, mes réactions. J'attends.
Alors on va s'asseoir près de toi, attendre avec toi et on va tenir ta main et te serrer dans nos bras, pour que t'aies moins peur.
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