- Chut, je dors !
Un curieux mélange d'abattement, sombre et lourd, et de tornade infernale, infinie, inépuisable... jusqu'à l'épuisement.
Mes journées sont rythmées par cette alternance incompréhensible, je cours jusqu'à la pharmacie du coin de l'avenue, déjà fermée, je rebondis jusqu'à l'école, 800 mètres plus loin, et la croix verte me fait un clin d'oeil chaleureux, je rentre maintenant d'un pas tranquille, les quelques gouttes de cette averse qui traîne scintillent dans le crépuscule, c'est l'automne déjà, je souris à toutes ces familles qui ne me regardent pas, pressées, entraînées, toutes au repas qui s'annonce, moi je pense encore aux crêpes du goûter, les grains de sucre éparpillés sur la table, Mike Brant, les volets baissés : on venait juste de se lever... L'arbre du bout de ma rue, la forêt dit Maxence, les portières des visiteurs qui claquent sur les au-revoirs, à bientôt, merci d'être venus, rentrez bien, c'était bien, et voilà mon portail, une fenêtre s'ouvre là-haut, "c'était fermé ? - oui, j'ai dû aller à celle de l'école...", et tout à coup je suis incapable d'affronter l'escalier. Le temps de retrouver mon souffle, de calmer les battements irréguliers de mon coeur furieux, le temps d'éloigner le vertige qui monte, d'éteindre le sifflement à mes oreilles, juste le temps de m'asseoir, de m'allonger, écrasée en quelques secondes par une tornade hurlante qui s'éteint déjà, j'ai chaud, je tremble de froid, attends, ne pleure pas, ça va passer.
Les pas du petit bonhomme à ma recherche résonnent dans le couloir.
- Toc toc toc monsieur Pouce, es-tu là ?
- Oui, je sors !
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